Vidéo Moto 2 : Fabio Quartararo n’est pas une feignasse

Vous aussi vous pensez que les pilotes des Grand Prix moto passent l’hiver à se gratter les couilles ? Eh ben, vous avez tort. En fait, ces gars-là sont des vrais bosseurs.

A l’image du jeune français Fabio Quartararo, que nous sommes allés embêter pendant ses essais privés à Jerez.

 

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Si vous pensez que la saison Moto GP 2017 débutera le 26 mars prochain au Qatar, vous êtes carrément à côté de la plaque.

Entre essais officiels, tests privés et préparations des motos, les pilotes du championnat du monde de vitesse et leur team sont sur le pied de guerre durant une bonne partie de l’hiver.

Pour Fabio, c’est la même chose. Depuis le mois de janvier, notre petit frenchy n’a pas franchement eu le temps de se tourner les pouces.

Mais avant tout chose, commençons par faire les présentations. Bah ouais, c’est plus poli.

 

Fabio Quartararo en détails

Je m’appelle Fabio Quartararo, j’ai 18 ans, je suis pilote de moto et je viens de Nice.

– Comment est-ce que tu as choisi cette discipline, comment-est ce que tu es arrivé dans la moto ?

Mon père faisait de la moto. Quand j’étais petit, il a vite vu que j’avais le sens de l’équilibre. J’ai commencé à l’âge de 4 ans et ça m’a tout de suite plu. A partir de 6 ans j’ai commencé à faire des courses. Puis on est parti en Espagne pour faire des compétitions. Et petit à petit je suis arrivé là où je suis maintenant. Je suis parti en Espagne car le niveau et le nombre de pilotes est beaucoup plus élevé. Mon cursus, disons que j’ai fait toutes les catégories. J’ai fait du 50 cm3, du 70, du 80. Je n’ai fait qu’une course en pré 125 cm3. Puis j’ai fait du pré Moto3, puis du Moto3 et je suis arrivé en Moto2 cette année.

– Tu peux nous raconter un peu ton passage en CEV, le championnat espagnol de vitesse ?

Ce fut deux superbes années. J’ai commencé ma première course à 14 ans. Au début, les résultats étaient un peu irréguliers, mais à la fin de la saison j’ai réussi à faire trois pôles positions et trois victoires. La deuxième année fut vraiment formidable, j’ai réussi à finir toutes les courses sur le podium avec neuf victoires et deux deuxièmes positions.

Le passage en championnat du monde fut moins évident pour Fabio. Après une première année prometteuse où il réalise plusieurs podiums au guidon d’une Honda qu’il connait bien, la seconde saison sera plus compliquée avec la KTM du team Leopard.

Pour Fabio, le passage en Moto2 dans le team Pons est une vraie opportunité

 » La prise en main de la Moto2 s’est assez bien passée. Je pense qu’au vu de ma taille et de mon poids, je suis mieux en Moto2. (…) La puissance et le châssis n’ont pas été pour moi un grand changement. La plus grosse différence concerne le poids. Au début je pensais que la moto ne voulait pas tourner, mais en fait c’est le pilote qui doit vraiment pencher pour arriver à avoir l’angle maximum. C’est ça qui a été le plus gros changement par rapport à la Moto 3.

– Et ça te plait la Moto2 ?

– Oui ça me plait, c’est un peu plus physique mais je me sens beaucoup mieux sur la moto. Je me sens plus à l’aise. Maintenant il va falloir que je sois parmi les top pilotes, mais j’ai plutôt bien roulé jusque-là ».

Pour sa première année en Moto2, Fabio va s’attaquer à du lourd. Car les têtes d’affiche ne manquent pas dans cette catégorie extrêmement disputée.

D’ailleurs, tous les tops gun étaient eux aussi présents lors de ces deux jours d’essais à Jerez.

En trainant dans la voie des stands on a ainsi pu croiser Luca Marini et Lorenzo Baldassari du team Forward.

Le jeune Pecco Bagniai dans le tout nouveau team de Valentino Rossi en Moto 2.

L’expérimenté Suisse Tom Luhti, qui devrait encore une fois se battre pour le titre.

Ou encore Alex Marquez et son coéquipier Franco Morbidelli, deux gros clients qui courent sous les couleurs du team VDS.

Et lorsque tous ces pilotes grimpent sur leur machine et commencent à mettre du gros gaz. Et ben, ça donne ça !!

Pour l’épauler en Moto2, Fabio peut compter sur des hommes très expérimentés.

Notamment Santi Mulero, le responsable technique du team Pons, qui a déjà bossé avec des cadors du style de Maverick Vinales, Pol Espargaro ou encore Alex Rins

Quand on sait que ces trois pilotes sont aujourd’hui en Moto GP, ça laisse augurer de bonnes choses pour notre français.

Santi Mulero, Responsable technique du team Pons nous parle de Fabio

« Avec Fabio, on a commencé à rouler l’année passée avec une moto où tous les réglages sont standards. Plus Fabio roule, plus il prend de la confiance. De notre côté on doit comprendre comment le pilote roule (…) pour savoir ce qu’il aime le plus. Savoir s’il préfère freiner fort ou s’il aime avoir de la vitesse en virage. En général, les pilotes qui viennent de la Moto3 ont beaucoup de vitesse de passage en courbe, et peu à peu ils doivent changer ça pour s’habituer à la Moto2 ». (…) 23.22

« Après les deux jours d’essais à Jerez l’an passé et ceux de Valencia, on a commencé aujourd’hui à faire quelques réglages avec la géométrie de la moto. (24.01…) Et demain on va changer le châssis.

– Vous allez changer de cadre ?

– Oui, c’est un autre cadre. Ça ne sert à rien de partir dans les réglages avant que le pilote ne comprenne la moto. Et demain, ce sera le bon moment pour essayer le nouveau châssis. (…)

– Il faut que le pilote arrive à un certain niveau avant de faire des réglages ?

– Pour moi oui. Si tu ne roules pas assez vite, tout va bien.

La quantité de travail durant ces essais hivernaux dépend aussi du type de pneus amenés par Dunlop. A jerez Fabio a d’abord travaillé avec un pneu dur, puis ensuite avec une gomme plus soft.

« Pour avoir une idée de ce qu’il aime, c’était très important de venir à Jerez selon moi (…) Car si on trouve le feeling qu’il aime pour aller vite à Jerez alors il sera à l’aise sur beaucoup d’autres pistes du championnat de monde.

– Ha c’est intéressant. Si tu es bien ici, tu seras bien ailleurs.

– Oui, mais il faut toujours y aller petit à petit ».

Santi suit un plan de travail précis qui doit d’abord permettre à Fabio de s’acclimater à sa nouvelle monture, ensuite d’essayer de nouvelles pièces, pour enfin déterminer une base de réglage pour la moto dans sa version 2.

Pour ceux qui ne seraient pas forcément férus de Grand Prix, on va vous détailler ce qu’est une Moto 2.

 

C’est quoi une Moto 2 ?

Dans cette catégorie, les machines sont toutes équipées du même moteur. Il s’agit d’un bloc Honda de CBR 600 RR très peu modifié puisqu’il développe environ 125 chevaux. Quant au châssis, chaque team fait ce qu’il veut.

Chez Pons, le cadre périmétrique et le bras oscillant en alu sont fabriqués par le manufacturier allemand Kalex.

Côté suspensions, fourche et amortisseur sont fournis par la marque Autrichienne WP. Bien évidemment, elles sont réglables en précharge, compression et détente.

Le tableau de bord 2D est minimaliste. Il intègre des leds faisant office de compte tour et de shiftlight, un témoin de température moteur et un chrono embarqué.

Enfin, sachez que le règlement impose que le poids de la moto et du pilote ne soit pas inférieur à 217 kg.

Bref, c’est avec cette jolie bestiole que Fabio va tenter de se faire une place parmi les hommes fort du Moto2.

Ce ne sera pas simple mais le jeune français déborde de motivation.

Il nous a impressionné par sa maturité pour un minot de 17 ans. Par sa bonne humeur permanente.

Et quand il s’agit de bosser dur pendant l’hiver, le garçon n’est pas du genre feignant.

Que fait un pilote l’hiver ?

« – Bon Fabio, on va terminer cette vidéo sur ces deux jours de préparation avec des questions plus globale. Ils font quoi les pilotes l’hiver ?

– C’est une des périodes les plus importantes pour un pilote. Il faut se préparer physiquement, mentalement. Quand on a fait un bon entrainement, qu’on a bien travaillé, mentalement on se sent fort. Ça devient une motivation supplémentaire, quand je fais un bon entrainement en moto cross, que je fais une manche de 30 minutes à fond et que je ne suis pas trop fatigué après, ça m’aide à être au top mentalement.

– Et toi tu fais quoi en particulier ?

– Surtout du vélo, de la course à pied, du moto cross. Et j’ai aussi fait quelques roulages avec ma 600 CBR et ça s’est bien passé.

– T’as le temps de profiter de la vie. De sortir avec tes copains, d’aller voir des filles. Enfin, des trucs de ton âge quoi.

– Moi, je suis vraiment concentré sur la moto. On peut profiter de sortir un peu, mais je préfère faire ça quand je sais que j’ai fait un bon Grand Prix. C’est vrai que je suis ado, mais ça va.

– Tu considères que t’as un métier ?

– Non, pas du tout. Si je fais ça c’est vraiment parce que j’aime la course moto. Quand je monte sur la moto je me sens vraiment dans un autre monde. On oublie tout, et c’est ça qui est bien.

– Et la moto sur la route, un jour ou l’autre ?

– Non, je n’aime pas ça (…) on va dire que j’ai assez peur (…) Si vous voulez aller vite, c’est vraiment sur circuit qu’il faut rouler. Pas sur la route. (…) Pour les personnes qui aiment ça, je sais que tout le monde n’a pas la chance de rouler sur des circuits comme Jerez, Barcelone ou Valencia, mais rouler sur la route c’est vraiment dangereux.

– Ce sera le mot de la fin.

 

 



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