MotoGP Suzuki teste à Valence

Juste après le GP du Mugello, le team Suzuki Ecstar MotoGP s’est rendu à Valence pour deux jours de tests afin de jauger l’efficacité de plusieurs nouveaux composants. Et essayer diverses configurations de réglages châssis afin d’améliorer le grip et la motricité de la GSX-RR d’usine.

Maverick Viñales en plein boulot à Valence. Objectif : motricité ! Crédit DR

Maverick Viñales en plein boulot à Valence. Objectif : motricité ! Crédit DR

Voici le communiqué officiel :

« Deux types de châssis étaient disponibles. Tous deux ont été testés de manière intensive par Viñales and Aleix Espargaró (ça se voit sur les photos! ndr), et leurs sensations se sont révélées positives. Tous deux ont mentionné plus de confiance au guidon et une machine plus efficace. Les ingénieurs ont également soumis aux pilotes de nouvelles évolutions en matière d’électronique. Ces deux jours d’essais n’ont pas été de tout repos vu la densité du programme. Mais le fait de disposer du circuit de Valence en exclusivité a permis aux pilotes de travailler de manière plus efficace, tout en améliorant leur feeling avec l’équipe. »

Maverick Viñales:

« Ca a été une super opportunité pour nous de profiter de ces essais privés. On avait besoin de plus d’efficacité à l’accélération, et on a aussi travaillé sur une foule d’autres améliorations. Plein de pièces et de configurations de réglages. Ca nous a permis de progresser en terme de ressenti, et d’établir une direction de développement. La GSX-RR est déjà une très bonne machine dans certains domaines, comme les courbes rapides et l’agilité, mais est perfectibles dans d’autres domaines. On essaie de trouver un bon compromis et d’être le plus performant possible »

Aleix Espargaró:

« Le week-end du Mugello a été dur mais les tests sont toujours importants pour nous, dans la mesure où notre machine est toujours en phase de développement. On a besoin d’y parvenir le plus vite possible. On voit ici que l‘usine travaille dur pour nous soutenir, avec deux évolutions châssis. L’une d’entre elles m’a procuré un feeling très positif, ce qui représente un nouveau pas en avant. Bien sûr, nous aurons besoin de re-confirmer tout ça. A Barcelone, nous poursuivrons ce travail, mais c’est très positif pour nous de bénéficier de cette aide, et nous progressons de manière constante. »

Analyse Moto Journal : derrière ce communiqué policé, plusieurs vérités :

1/ Les essais privés, ça le fait : au lieu de deux séances de 45 minutes à partager avec 20 gus en piste lors d’une première journées d’essais libres d’un GP, 8 heures de piste à deux sous le soleil à Valence, ce n’est effectivement pas le même confort de travail. Pas besoin de couper quand un pilote vous prend la roue en flinguant le tour en cours. Pas besoin de mettre son équipe technique sous pression pour qu’ils préparent la moto à temps pour le dernier run. Pas besoin de tout donner dans les dernière minutes pour s’assurer une place en Q2. Tout est bien plus relax, même si la pression du résultat reste présente, car on parle de MotoGP.

2/ Suzuki se bouge : les mécanos et ingénieurs interrogés par MJ au Mugello confirment que l’usine ne s’est jamais autant investi dans le développement de ses MotoGP, ce qu’on a pu voir cette année avec un 4 cylindres nettement plus puissant qui a permis à Maverick Viñales de signer le second chrono des qualifs, exploit qu’il avait toutefois réalisé en 2015 à Montmelo.

3/ Maverick Viñales prend du galon : podium au Mans, second sur la grille au Mugello, le Mack est désormais clairement le fer de lance de Suzuki en MotoGP, et les bleus comptent bien profiter de son talent jusqu’à Valence. Davide Brivio, team manager Suzuki, nous l’expliquait clairement au Mugello : « pour nous, le plus important est que la GSX-RR soit rapide, quel que soit le pilote assis dessus. Si Yamaha décide de ne pas faire tester le proto 2017 à Lorenzo lors des essais post-Brno, libre à eux, mais nous préférons faire valider toutes nos nouvelles pièces à Maverick afin qu’il soit plus compétitif en 2016, et que Iannone trouve une moto aboutie en 2017 ».

Voilà qui semble pragmatique.

Aleix Espargaro n'est pas un manche au guidon. Crédit DR

Aleix Espargaro n’est pas un manche au guidon. Coude par terre à 180 Km/h dans l’avant-dernier gauche à Valence. Qui dit mieux ? Crédit DR

4/ Ca s’apaise entre Aleix Espargaro et Suz’ : pas content d’apprendre le programme d’essais de Johann Zarco cet été au Japon lors du GP de France, et carrément fumas à la découverte du contrat de deux ans offert à Andrea Iannone lors du GP du Mugello, Aleix Espargaro était très remonté contre son employeur. En tant que pilote officiel de la marque, auteur de la pole 2015 à Catalunya et leader du développement de la GSX-RR cette année là, il lui semblait logique de bénéficier d’une priorité à l’embauche. Or les essais hivernaux 2015/2016 ont été marqués par une perte de vitesse d’Aleix, en délicatesse avec l’avant Michelin qu’il ne sentait pas. D’où le sentiment que sa place était menacée. Après trois premiers GP difficiles, Aleix a commencé à relever la tête à partir de Jerez, au moins aux essais. Ce qui lui a permis de se rassurer. De plus, selon les infos collectées par MJ au Mugello, la politique de Suzuki en matière de recrutement est basée sur la continuité. A savoir qu’ils ne sont pas chauds pour remplacer leurs deux pilotes d’un coup, et mettre ainsi en danger l’évolution de leur GSX-RR. Ancien pilote de développement avant d’être embauché par Ducati en MotoGP, Aleix Espargaro a prouvé à plusieurs reprises chez Aprilia puis Suzuki la fiabilité de ses ressentis et la générosité de son attaque. Son chef ingénieur Tom O’Kane, en GP depuis le début des années 90 avec le team Roberts, ne tarit d’ailleurs pas d’éloge à son propos :  « en essai comme en course, Aleix est constamment à la limite de son matériel, ce qui nous permet d’avancer plus vite en mise au point ». Voilà qui nous aiguille sur une paire Iannone/Espargaro chez Suzuki Ecstar en 2017… et qui nous inquiète quant à l’avenir de Johann Zarco. Mais ceci est une autre histoire.



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