MotoGP Stoner teste la Desmosedici à Misano

Mercredi et jeudi à Misano, Casey Stoner a enchainé deux jours d’essai pour Ducati sur la DesmosediciGP. Histoire de fournir à son pote Lorenzo une arme lorsqu’il passera chez les rouges dans cinq mois.

Casey Stoner sur la DesmosediciGP à Misano. Souvent peu impressionnant en photo, Casey met du gros gaz tout en restant propre, comme on a pu le constater en février à Sepang. C'est lorsqu'il va chercher les derniers centièmes que sa moto se met en vrac, et ça, il n'en a plus besoin. Crédit DR

Casey Stoner sur la DesmosediciGP à Misano. Souvent peu impressionnant en photo, Casey met du gros gaz tout en restant propre, comme on a pu le constater en février à Sepang. C’est lorsqu’il va chercher les derniers centièmes que sa moto se met en vrac, et ça, il n’en a plus besoin. Crédit DR.

« Nos essais se sont très bien déroulés » expliquait Casey Stoner le jeudi 30 juin au soir. « C’est la première fois que je repose les roues sur un circuit européen depuis 2012, et la première fois que je retourne à Misano depuis 2011. Ca fait un bout de temps, et c’est vraiment sympa de piloter sur ce style de piste européene (plus étroite que l’Argentine, la Malaisie et le Qatar, ndr) et ressentir la façon dont la moto se comporte sur ce qui constitue son environnement durant 70 à 80 % de la saison. Toutes les modifications que nous avons effectuées se sont révélées payantes. On a couvert 95 % de notre programme de test lors de ces deux jours donc ça s’est vraiment bien passé. On a établi une direction de développement avec Michelin, plus des améliorations en terme de châssis, électronique, etc. Je suis impatient de voir ce que ça donne lors des prochaines courses, et de recueillir les commentaires des pilotes officiels sur les progrès qu’on a réalisé. Par ailleurs, les prochains jours vont être réellement intéressants : je ne suis pas retourné à la World Ducati Week depuis longtemps ! C’est difficile pour moi de me remémorer comment c’était à l’époque (2007, l’année de son premier titre MotoGP, ndr), mais je suis impatient de vivre ce week-end et de voir autant de fans, d’observer tout ce public et le nombre de motos présentes. Le 90è anniversaire de Ducati, c’est quelque chose, et je suis fier d’en faire partie. »

Analyse MJ : Il n’y a pas à dire, Luigi Dall Igna est un malin. En l’espace de deux ans, le boss du service course Ducati a réorganisé son département de fond en comble, virant les réfractaires au changement et insufflant une véritable dynamique de groupe. Lui et son équipe ont ensuite créé un proto, la GP 15, qui supprimait la tare chronique des Desmosedici depuis 2008 : le sous-virage. Il s’est attiré les services d’un des meilleurs pilotes du monde en qualité de pilote essayeur, le double champion du monde Casey Stoner. Et l’utilise à plein pour préparer l’arrivée de Jorge Lorenzo dans ce qui s’annonce comme la reconquête du titre en 2017. Là où Honda s’est planté dans la gestion de Casey en n’écoutant pas ses commentaires puis ne lui autorisant pas de remplacer son pote Pedrosa à Termas et Austin en 2015, Gigi met les bouchées doubles pour extraire toutes les infos en provenance du génie australien. A Sepang en février dernier, ça faisait même râler Carlo Pernat, le manager de Iannone, qui trouvait que Ducati en faisait trop pour Casey et pas assez pour Andrea. On a pu juger par la suite de la pertinence de cette analyse… Casey Stoner a toujours eu la réputation d’être un pilote de la « génération traction Control », qui ouvre comme une mule en se fiant aveuglement à l’électronique. C’est tout le contraire. Cristian Gabarrini, l’ex-chef ingénieur de Casey, qui officie actuellement pour Miller et devrait s’occuper de Lorenzo en 2017, explique « que Casey est au contraire d’une précision incroyable vu la vitesse à laquelle il exécute les différentes phases de pilotage. Qu’il est plus rapide que Marquez pour jeter la moto sur l’angle maxi et la relever, et extrêmement fin sur le contrôle des gaz. Bien évidemment, son ressenti technique et ses commentaires sont de ce niveau. Il est très, très fort. » Casey avait prévenu le HRC des soucis de leurs RCV il y a deux ans, Honda n’a pas écouté, et ils s’en mordent les doigts aujourd’hui. Luigi Dall’ Igna a une approche opposée : il eu l’intelligence de comprendre et d’accepter que la course ne soit désormais plus la priorité de Casey pour lui offrir ce qu’il préfère : piloter les meilleures machines du monde à huis-clos et sans pression, ce qui est pour lui un rêve. Pour Ducati, avoir un pilote de ce calibre, sans doute plus rapide que les deux pilotes officiels de la marque (!) qui en plus ne la ramène pas, est un confort de travail unique : ils peuvent valider toutes les évolutions châssis et moteur tranquille en sachant qu’il n’y aura pas de mauvaise surprise sur un week-end de course. Les Andrea ne vont pas plus vite que Casey, et ont donc moins de chance de se retrouver face à un problème inattendu à résoudre en quatre fois 45 min chrono, quand Casey et son équipe ont 16 H de piste pour travailler et tout essayer. C’est là qu’est le paradoxe ultime : si fin 2017, Lorenzo est champion du monde, il le devra sans doute en partie à son pote Casey, parfaitement heureux de travailler dans l’ombre, et de ne recueillir aucune louange. Il faut une sacrée force de caractère pour accepter ça.

Ps : il est tout à fait possible qu’en plus de la Desmosedici GP, Casey se soit penché sur le cas de la Panigale Superbike de son grand pote Chaz Davies, avec lequel il dormait dans une remorque en championnat anglais de vitesse 125 (!). Mais ça, nous ne le saurons que dans quelque temps, s’ils veulent bien nous le dire… Où si un espion de GPONe ou de la Gazzetta Dello Sport a pu se glisser à Misano pour les observer en douce.



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3 commentaires sur cet article
  1. Sylvain F

    Stoner est un formidable pilote en plus d’être un homme honnête et cohérent avec lui même.
    De là à dire qu’il est aujourd’hui plus rapide que les pilotes officiels, voilà un pas que je n’aurais pas franchi. Aussi rapide serait déjà incroyable!

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  2. Nous verrons en 2017, de façon factuelle, si Dall Igna est si malin que ça. Pour l’instant, c’est du tirage de plan sur la comète.
    Notes qu’avec Marquez dans le staff, qui empile deux titres d’entrée, les commentaires de Stoner devaient laisser Honda de marbre. Comment les blâmer?
    Avec sa baguette magique, Casey sublimerait tous les ravelins de ces potes ducatistes.
    C’est pas un peu gros ça? Ah, l’enthousiasme de la jeunesse!

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  3. AH BAUJARD !! quelle objectivité !!… et belle exemple de journalisme !!
    il devrait se relire. Et lire la presse spécialisée en retirant ses œillères.
    Bref LA mauvaise foie l’a encore frappée

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