MotoGP Qatar – Losail, un circuit moto avec un tracé éblouissant

Thomas Baujard, notre journaliste spécialisé en Grands Prix, était au Qatar pour l’ouverture du championnat du monde MotoGP. Il raconte ce que l’on ressent quand on regarde la course, dans les voies de sécurité. 

On a beau être un brin dépité par les 70 000 litres de gasoil engloutis chaque heure pour alimenter 44 générateurs de 13 mégawatts illuminant le circuit. Le fait est que spectacle offert par cet immense gâchis énergétique est unique. La puissance de l’éclairage, visible à des kilomètres du circuit, donne une ambiance d’éclipse. C’est la nuit, mais on y voit comme en plein jour !

MotoGP Qatar - Losail, un circuit moto avec un tracé éblouissant

MotoGP Qatar – Losail, un circuit moto avec un tracé éblouissant? (Photo Thomas Baujard)

Première séance libre MotoGP

Après avoir dû ruser pour accéder au bord de piste, la faute à des vigiles un rien obtus, me voilà aux abords du virage N°1. Comme au Mugello, la vision des protos MotoGP lancés à 340 km/h vers la zone de freinage est totalement hypnotique. Lorsqu’on est planté devant le panneau 200 m, on mettrait sa main à couper que jamais les pilotes n’arriveront à s’arrêter. Et pourtant, si. On voit alors les meules s’arque-bouter sur le train avant, l’arrière en crabe. La jambe droite du pilote sortie, dans une posture qui singe la panique. Puis c’est le regroupement général autour de la moto. L’entrée dans le premier droite genou et coude par terre. Un enchaînement de fou, parfaitement exécuté par les 23 pilotes présents sur la grille. Ce qui atteste du niveau en catégorie reine.

Une délicatesse à toute épreuve

A l’intérieur du virage N°1, on détaille une trajectoire faite de deux points de corde, avec une délicate remise du filet de gaz aux deux tiers de la courbe avant d’envoyer la sauce. La douceur et la précision avec lesquelles Zarco, Rossi, Pedrosa et Viñales manient leur machine est bluffante. Les différences de bruit spectaculaires. Une Yam qui grogne à bas régime. Les Honda et surtout KTM jappent de façon plus agressive. De près, le bitume luit de manière inquiétante sous la lueur des projecteurs, et l’on se dit que de sortir de la trajectoire large d’un mètre doit se payer cash. Effectivement, quelques minutes plus tard, c’est Sam Lowes qui ouvre le bal des chutes pile à cet endroit dans une belle gerbe d’étincelles.

MotoGP Qatar - Losail, un circuit moto avec un tracé éblouissant

MotoGP Qatar – Losail, un circuit moto avec un tracé éblouissant. (Photo Thomas Baujard)

La mise sur l’angle du virage n°2

En continuant le long du rail, j’arrive au virage le plus craignos du circuit, le gauche N°2. Juste à la mise sur l’angle, une vilaine tâche d’humidité invisible se forme dès que le bitume refroidit, et envoie valdinguer les pilotes dans le bac à graviers. Où plutôt le bac à galets à en juger par la tailles de certaines pavasses. Pas de victimes à déplorer ce soir là, mais dès le lendemain, Crutchlow et Redding s’en colleront de belles.

Lorenzo moins à l’aise que les autres

En continuant vers le droite rapide N°3, je croise le photographe Andrew Northcott appuyé contre le rail avec son 600 mm « chaque année, c’est la même m…, on est trop loin. » Le fait est que vu d’ici, les motos sont grosses comme des boites d’allumettes. Je cours-circuite l’enchaînement suivant pour me poster à l’entrée du droite bien vicelard N°7. Tiens, Lorenzo semble moins prompt à la mise sur l’angle qu’un paquet de pilotes. Preuve qu’il est moins à l’aise sur sa Ducat que sur la M1.

A l’opposé, Maverick Viñales fait le spectacle, jetant la Yam en courbe, avec en permanence quatre pilotes à ses trousses, voir plus. Damned, pas le temps d’aller plus loin, les 45 minutes sont passés à la vitesse de la lumière. Les commissaires de piste, passe montagne sur la figure pour se protéger du vent, se marrent en me voyant faire du stop sur la voie des stands. Un Pakistanais charitable, chauffeur d’une des BMW série 7 qui sert de navettes aux photographes, me ramène au bercail. C’était trop court, mais c’était bon !



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