MotoGP : Dans les coulisses du GP d’Austin

On en croise du monde un lendemain de GP à l’aéroport d’Austin !

Petit tour d’horizon chronologique de deux heures passées dans le terminal.

Le hall d'embarquement d'Austin et sa guitare géante (la capitale du Texas est un fief du rock). L'endroit grouillait de mécanos, techniciens et pilote lundi matin. Un vrai régal ! Crédit photo DR

Le hall d’embarquement d’Austin et sa guitare géante (la capitale du Texas est un fief du rock). L’endroit grouillait de mécanos, techniciens et pilotes lundi matin. Un vrai régal ! Crédit photo DR

A peine passé les contrôles de sécurité, je tombe sur le champion de supercross australien Chad Reed, qui est taillé comme un lutteur : « Bonjour Chad, je t’ai vu ce week-end dans le paddock mais n’ai pas eu le temps de te dire bonjour. Tu sais que Marc Marquez n’est pas allé voir le championnat US de dirt track samedi à côté du circuit pour ne pas louper le Supercross d’Indianapolis ?! »

« – Ah oui ? »

« – Tu as roulé ? »

« – Oui, j’ai fini 6. »

« – Bravo ! Dis-donc, quelle carrière. Tu dures aussi longtemps que Valentino Rossi. »

« – En quelque sorte. Valentino est mon ami. »

« – Oui, j’ai lu que vous aviez roulé ensemble à son ranch, et qu’il était épaté par la façon dont tu gardais toujours le moteur sur la bonne plage de régime à l’aide de l’embrayage. »

« -C’est vrai. »

« – Vous vous êtes échangé d’autres trucs ? »

« – Non, c’était surtout lui qui me regardait rouler. »

« – Logique, le dirt est plus proche du cross que de la vitesse. Comment as-tu trouvé le GP ? »

« – Chiant, mais je m’y attendais. Je regrette juste que Marquez et Rossi ne soient plus potes, c’est dommage. »

« – Merci Chad, et bonne chance pour ton championnat. »

« – Merci à toi. »

Je croise ensuite Tito Rabat, qui se balade seul dans le hall : « Salut Tito ! Ca y est, tu en a doublé un en course ! »

« – Oui, Hernandez. Laverty était juste devant moi mais ça n’aurait pas été raisonnable, j’étais cuit. »

« – J’ai vu qu’il y avait un second circuit de vitesse à Almeria. Tu t’entraines là dessus avec une 1000 désormais ? »

« – Oui, mais aucune moto ne peut te préparer à rouler sur une MotoGP ».

« – Je comprends. On se voit à Jerez. »

Les gens de Phillip Morris international, sponsors de Ducati, m’invitent ensuite avec eux dans le lounge American Airlines. Wifi gratos, rafraichissements, fauteuils cuir et pas un bruit, la classe !

«- Je suis dégouté pour ce pauvre Dovi » attaque mon interlocuteur.

« – Moi aussi. Deux courses sans points alors qu’il aurait pu enchainer trois podiums, quelle guigne !»

« – il a eu du bol de ne pas se prendre la moto de Dani de plein fouet. C’est le bras oscillant qui a pris. Tu verrais dans quel état il est ! »

J’aperçois Paolo Ciabatti, le directeur sportif du team Ducati, que je vais saluer. « Comment va Andrea ? »

«- Ca va, il a pris un bon pet mais il n’est pas blessé. Au fait, je t’envoie mes photos d’aviation dès demain du bureau, je les ai avec une meilleure définition. »

« – Super. On va te mettre dans le papier qu’on prépare sur la visite de la Nasa de mercredi dernier dans le GP+ de juillet. On va prendre notre temps pour faire un beau papier. »

« – J’ai hâte de voir ça. »

« – Merci Paolo, A bientôt. »

« – Avec plaisir. »

Je quitte le lounge la recherche d’un bon hamburger avant l’embarquement, et je tombe sur les collègues espagnols de Motociclismo, Repsol et consorts, engagés dans une discussion animée, comme toujours. Je demande à Mela Chercoles (du magazine AS) si je peux me joindre à eux.

Mela : « seguro que si ! » (bien sûr)

Homer, le manager de Pol Espargaro, est parmi eux. Taillé comme une arbalète, il a l’air plus en forme que son pilote. C’est normal : il pratique le triathlon en championnat du monde ! « Normalement, c’est cinq heures d’entrainement par jour, mais depuis que je suis manager, je n’ai plus le temps.»

« – Dis donc, à propos d’entrainement, tu ne veux pas lui botter les fesses pour qu’il s’entraine davantage, ton pilote ? »

Homer se marre « – Pol fait du surf ! »

« – Et de la rando en montagne avec son chien, j’ai vu. Mais tu as quand même l’air plus affuté que lui, ça fait désordre. »

Il rigole à nouveau. « – Son frère Aleix est plus porté sur l’entrainement. »

« – Plus sérieusement, il se dit que Pol pourrait rouler pour le team Pons en MotoGP l’an prochain. »

« – Oui, c’est vrai, on en a discuté avec eux et c’est bien parti. »

« – Vous avez décidé avec quelle moto ? »

« – Oui mais je ne peux pas te le dire. »

« – Pas de souci. Mais on dirait bien qu’il n’a jamais réussi à s’adapter à la Yamaha »

« – Oui c’est vrai. Pol a besoin d’une moto qu’il puisse faire davantage glisser. »

« – OK, je comprends. Au fait, quel age as tu? »

« – 36 ans »

« – Ca fait longtemps que tu fais ce métier ? »

« – Non, je viens juste de commencer »

« – Tu seras à Jerez ? »

« – Oui. On se voit là bas alors ! »

« – Volontiers. »

Andrea Dovizioso passe devant nous en survêtement, l’air absent.

« – Ca va Andrea, t’es en un morceau ? »

« – Plus ou moins » sourit-il, et il poursuit son chemin.

Arrivé à l’embarquement, je croise les équipes techniques de Valentino et Jorge, qui sont sur le même vol à destination de Washington, pour ensuite rallier Francfort, et enfin Milan.

Je salue William Favero (manager communication du team yam), Massimo Meregalli (directeur du team), Matteo Flamigni (ingénieur acquisition de données Vale) et Alen Bollini (attaché de presse de Rossi).

« – Ben alors Alen, il est passé où Valentino ? »

« – Je ne sais pas quand il repart. »

« – Mais bien sûr. Il a son propre avion ? »

Alen rigole.

Wilco Zeelenberg, team manager de Lorenzo, est là aussi.

« – Salut Wilco. J’ai utilisé ce que tu m’as expliqué hier sur les pneus dans le compte-rendu du GP pour MJ (à lire mercredi 13 avril sans faute sinon c’est le fouet;). Avec tout ce que tu m’as expliqué depuis sept ans, je crois que je peux écrire un livre. »

Il se marre.

« – Au fait, comment s’est débrouillé Valentino pour cramer son embrayage au départ ? »

« – Comme je te l’ai expliqué l’an dernier à Brno, tu as un launch control (système d’aide au départ), mais il faut quand même doser le lâcher d’embrayage. C’est pas une voiture ! Et ça arrive aussi à Jorge de crâmer l’embrayage. Le plus souvent, Valentino réussit son coup, mais ça peut arriver. Il y a tellement de bruit quand les feux passent au rouge que tu n’entends plus ton moteur, donc c’est facile de se faire piéger. »

« – Danku well Wilco. » (merci en néerlandais)

« – Astublift » (de rien).

Dans la file d’attente pour entrer dans l’avion, je rencontre enfin l’un des mécanos de Jorge, qui est Irlandais et vient de Ballymoney, le village du regretté Joey Dunlop. Il fut d’ailleurs son mécano de 92 à 96 au TT et sur les course sur route irlandaises (Ulster GP & Northwest 200). « De belles épreuves, mais sacrément dangereuses. »

Le stewart nous appelle, il est temps d’embarquer.



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2 commentaires sur cet article
  1. le prof Turbled

    Voilà qui est intéressant, et si t’en as d’autres, des instants volés comme ça, des infos glanées l’air de rien, en « temps masqué » pour ainsi dire, avec l’air de ne pas y toucher, ben te gênes pas parce que c’est du nanan! Bravo Thomas!

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  2. JeremyVR46

    Bah moi, habitant dans le New Jersey, je vais a Austin tous les ans aussi et je prends toujours le vols du Lundi car c’est en effet a ce moment la que tout le monde repart. J’ai pu discuter avec 3 des membres du team de rossi et pas des moindres, Matteo Flamigni, Bernard Ansiau, Silvano Galbusera, deux legendaires journalistes italiens Guido Meda, Gigi Soldano et enfin le president du fan club de Rossi, Flavio Fratesi qui m’a d’ailleurs gentillement offert un port cle 46! Tous super sympas, prenant le temps de discuter avec un fan (moi) et parlant librement du team, de Rossi et du MotoGP.
    Une chose qui ressort beaucoup de ses discussions c’est que malgre tout Vale est encore tres frustrer par la saison passee et a du mal a se « relaxer » cette saison. Tous dans l’ensemble en veulent profondement au clan espagnol (mais comme me l’a dit Ansiau « ils ne l’emporteront pas au paradis! ») mais espere bien avoir leur revanche meme si pour le moment c’est pas super bien parti, mais la saison est longue!
    J’ai aussi brievement discuter avec Scott Redding, immense le mec (comme Baz d’ailleurs avec qui j’ai juste fait une photo rapide) et super cool et relax. Je le felicite pour ca course et il se met naturellement a me parler de ses problemes de pneus a Austin et de sa deception apres sa chute en Argentine.
    Pedrosa a refuser de discuter avec moi, j’en attendais pas moins de lui comme des autres « super star » espagnoles comme Lorenzo ou Marquez (qui avait refuser aussi il y a 2 ans).
    Sinon impossible e trouver Rossi et personne de son team ne savait ou il etait. Dommage, j’avais eu la chance de le rencontrer a l’aeroport il y a 2 ans aussi et d’echanger quelques mots avec lui et Uccio, super cool, et de faire des photos.
    A l’annee prochaine!

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