12 Heures de Portimao : la revanche des perdants du Mans et un formidable finish


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C’est un final digne du plus haletant des Grands Prix auquel nous avons eu droit dans la nuit noire de Portimao, quand après 12 heures de combat, la Yamaha n° 94 pilotée par David Checa et la Suzuki n°1 avec Etienne Masson au guidon se sont livrées un duel démentiel, conclu sur le fil par la victoire du premier pour 81 millièmes de seconde.

La victoire de Yamaha et le panache de Checa

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Champion du monde 2014, vice-champion 2015 avec une victoire à Oschersleben, le GMT 94 de Christophe Guyot avait été l’équipage malheureux des 24 Heures Motos qui ouvraient le championnat du monde début avril 2016, abandonnant après trois chutes de Louis Rossi, remercié après l’épreuve. Pour rester dans la course de cette campagne 2016 qui ne compte que quatre épreuves (le Bol d’Or ouvrira en septembre le championnat 2017), la Yamaha officielle devait absolument faire un bon résultat à Portimao, théâtre de la deuxième épreuve de la saison avec une course de 12 Heures débutant à 10 h 30 pour s’achever à 22 h 30 (heures françaises). C’est chose faite avec une victoire somptueuse en Algarve acquise à la force du poignet par le pilote pilier du team, David Checa, emmenant avec lui Niccolo Canepa et Lucas Mahias sur la plus haute marche du podium. Après une course dominée par la Yamaha n°94 de la première à la 11e heure de course, le pilote espagnol a fait vivre à toute son équipe et aux téléspectateurs d’Eurosport et de L’Equipe 21 (les deux chaînes retransmettant l’épreuve) un final haletant en remontant sur la Suzuki du SERT dans les dernières minutes des 12 Heures, avant de se livrer à un duel épique avec Etienne Masson, qu’il a fini par remporter pour 81 millièmes de secondes. Le GMT 94, qui avait fait le plein des points intermédiaires après 8 heures de course, repart du Portugal avec 45 points et se relance donc dans la course au titre.

La stratégie du SERT presque payante

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Quant à la Suzuki n°1 tenante du titre, elle repart de Portimao avec 38 points supplémentaire, à ajouter aux 21 unités acquises au Mans, où elle était remontée jusqu’à la 5e place après deux chutes. Sixième sur la grille de départ, le trio inchangé du SERT – composé de Vincent Philippe, Anthony Delhalle et Etienne Masson – allait effectuer un début de course prudent amorcé, une fois n’est pas coutume, par Delhalle, pour s’installer solidement dans le trio de tête, échangeant la tête de la course avec la Yamaha n°94 au fil des ravitaillements. C’est d’ailleurs sur ce point que Dominique Méliand fondait sa stratégie dès le début de course, repoussant au maximum les retours au stands pour tenter d’effectuer un relais de moins que ses concurrents au final, avec un gain d’une quarantaine de secondes à la clé. Stratégie qui faillit s’avérer payante, puisqu’avec un ravitaillement de moins que la GMT (12 contre 13), le SERT s’était ménagé une marge d’une quinzaine de secondes en toute fin de course, pointant en tête à l’issue de la 11e heure de course alors que le GMT avait dominé chacun des pointages horaires. Mais c’était sans compter sur la hargne de David Checa, tentant le tout pour le tout à la tombée de la nuit, pour finir par fondre sur un Etienne Masson chargé de la lourde responsabilité de résister aux assauts du bouillant Espagnol. Ce qu’il fit avec brio, profitant de l’excellente vitesse de pointe de la Suzuki et sur des trajectoires au cordeau, pour échouer d’un rien à faire gagner la Suzuki n°1. La lutte fut épique et le SERT reste plus que jamais dans la course au titre, troisième à 1 point de la Kawasaki victorieuse au Mans et malheureuse à Portimao.

Abandons pour la moto de la pole et pour le recordman du tour

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[lire_la_suite]Kawasaki partira de la pole position pour les 12 Heures de Portimao[/lire_la_suite]

Parti de la pole position, le Kawasaki SRC prenait le large dès les premières minutes de la course, Grégory Leblanc profitant des bagarres derrière lui, notamment entre Gregg Black sur la Suzuki n°50, Anthony Delhalle sur la Suzuki n°1, David Checa sur la Yamaha n°94, mais également Matthieu Lussiana sur la Yamaha n°44, alors que la Yamaha du Yart et la Honda FCC, pourtant placées aux avant-postes à l’issue des qualifications, prenaient un très mauvais départ et bataillaient dans le paquet au milieu de machines superstock très véloces. Mais Gregory Leblanc devait rendre la main durant son premier relais à cause d’une adhérence précaire due à l’usure de ses pneumatiques dans la chaleur portugaise. La suite de la course ne fut qu’une suite de déconvenues, toutes arrivées au pilote emblématique du SRC. Leblanc subit d’abord une panne d’essence, qui fit plonger la Kawa dans les profondeurs du classement, avant de s’arrêter en bord de piste après une casse moteur intervenue juste avant la distribution des points intermédiaires de la 8e heure de course. La machine n°11 venait donc rejoindre la liste des abandons, qui allait ensuite s’allonger pour atteindre le tiers des machines engagées, soit 10 sur 30 exactement (trois n’ont pas signé la feuille d’abandon mais n’ont pas été classées). Les Pompiers de la Kawasaki n°18 ont été les premiers à abandonner, suivis par la Yamaha n°333 victime d’une casse de la boite de vitesses. La Suzuki n°2 du R2CL, quatrième au mans et réduite à deux pilotes pour les 12 Heures, n’a jamais été en mesure d’inquiéter les leaders à Portimao, puis a dû s’arrêter en raison d’une double chute. Idem pour la Yamaha n°44 pilotée par le pilote portugais de Grands Prix Miguel Oliveira, qui a néanmoins marqué la course de son empreinte en signant d’abord le meilleur chrono des qualifications, puis le meilleur temps en course… avant de chuter. Il mordra de nouveau la poussière un peu plus tard, abandonnant sa machine aux mains des commissaires en bord de piste. Cruelle expérience de l’Endurance pour le vice-champion du monde Moto3 2015, vainqueur de 6 Grands Prix l’an passé avant de passer en moto2 en 2016. Mais aussi dur fut l’apprentissage de la discipline, Oliveira a prouvé qu’il était aussi rapide avec une 1000 qu’avec une 250 ou une 600…

La 111 sur le podium, la 50 en tête du Mondial

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Comme au Mans, l’une des rares Honda engagées est parvenue à se hisser sur le podium à Portimao. Mais cette fois ce ne fut pas le F.C.C. TSR emmené par Watanabe, Cudlin et Jacobsen (le pilote de mondial Supersport remplaçait Alan Techer, retenu en Espagne par le championnat CEV), mais la Honda n°111 de Julien Da Costa, Sébastien Gilbert et Freddy Foray, récompensés de leur solidité sur la longueur. Le trio tricolore avait en effet décidé de miser sur sa constance pour combler un manque d’efficacité pure en raison d’une machine trop peu performante (la base de la CBR 1000 SP) face à ses concurrentes. Pari gagné pour les hommes de Steven Casaer avec un joli podium, même si les résultats « par défaut » ne semblent pas pouvoir promettre la victoire à une Honda 111 (elle termine à 4 tours des vainqueurs) qui est partie de la 14e position sur la grille de départ. Ce podium semblait acquis pour la Yamaha n°7 du YART, jusqu’à ce qu’elle rentre au stand dans la 9e heure de course pour régler un problème technique. Broc Parkes, Marvin Fritz et Ivan Silva sont cependant parvenus à conserver leur place au pied du podium, résistant au retour de l’étonnante Suzuki n°50, qui signe une belle 5e place à l’issue des 12 Heures, ce qui lui permet d’occuper ni plus ni moins que la tête du championnat du monde ! Deuxième des 24 Heures Motos, l’équipage composé de Gregg Black, Grégory Fastré et Alex Cudlin a de nouveau réalisé une course solide et ramène 21 points du Portugal, qui ajoutés aux 45 points du Mans, permettent au Team April Moto Motors Events de mener le mondial avec 6 points d’avance sur la Kawasaki SRC et 7 sur le SERT. Une véritable performance, qui aurait pu être plus aboutie encore si l’équipage n’avait connu un problème de réservoir durant la course. À noter qu’au niveau du classement pilotes, les hommes de la 50 sont cependant devancés par Lucas Mahias, qui en passant du team R2CL (4ème au Mans) au GMT 94 (vainqueur au Portugal) a cumulé un nombre de points supérieur.

Le podium Superstock se tient en moins d’une minute à l’arrivée

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Dans la catégorie Superstock, la Kawasaki du Tati Team a fait quasiment toute la course en tête, pour finir à une superbe 6e place au scratch, mais elle ne termine qu’avec 30 secondes d’avance sur la BMW n°48, elle-même devant la Suzuki du Junior Team pour 13 secondes seulement, toutes trois chaussées en Dunlop. Mais seuls les deux premiers participaient au Trophée Dunlop Indépendant Trophy, ouvrant à des primes d’arrivée importantes (10 000 € au premier). C’est donc de nouveau un podium extrêmement disputé auquel on a eu droit dans la catégorie des motos proches de la série, avec le trio composé de Julien Enjolras, Dylan Buisson et Hugo Clere qui remporte logiquement la course et revient dans la course à la coupe du monde Stocksport. Cette dernière est désormais menée par la moto qui arrive deuxième à Portimao (7e au scratch), la BMW du Voelpker NRT 48 by Schubert-Motors pilotée par Bastien Mackels, Dominik Vincon et Martin Kerschbaumer, qui a livré un duel de toute beauté à la Suzuki du Junior Team emmenée par Baptiste Guittet, Romain Maitre et Robin Camus. Au pied du podium Superstock, on retrouve la moto victorieuse au Mans et partie en pole de la catégorie à Portimao, la Yamaha n°36 du Team 3ART Yam’Avenue avec Louis Bulle, Alex Plancassagne et Lukas Trautmann au guidon. La Kawasaki n°33 du team Louit Moto Traqueur complète le top 5 et se classe aux portes du Top 10 à l’arrivée des 12 Heures de Portimao. Quatre marques aux quatre premières places donc en Superstock, à l’arrivée de l’épreuve comme au classement de la coupe du monde Superstock, où un tout petit point sépare la BMW n°48 de la Yamaha n°36, qui en compte elle-même 8 d’avance sur la Kawasaki AM Moto Racing (13e au Portugal derrière la Honda F.C.C.) et 9 sur le Junior Team.

RÉSULTATS COMPLETS DE LA COURSE ICI

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L’issue sportive haletante de ces 12 Heures de Portimao, où les malheureux du Mans ont pris leur revanche, entretient un réel suspense avant la tenue des 8 Heures de Suzuka, qui se tiendront du 28 au 31 juillet prochains au japon, avant la finale en Allemagne les 26 et 27 août pour les 8 Heures d’Oschersleben.

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1 commentaires sur cet article
  1. Guillaume NATIVELLE

    12H de course, un écart qui ferait pâlir tout organisateur et spectateurs de GP, une retransmission correcte (L’équipe 21 / Eurosport)…

    Parfait.

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