8 Heures de Suzuka : Motors Events, toujours plus haut ?

En tête du championnat du monde d’endurance avec six points d’avance sur la Kawasaki SRC, l’équipe Motors Events s’est préparée tranquillement avant d’aborder les 8 Heures de Suzuka. Malgré cette place de leader, la formation de Marc Mothré préfère ne pas se prendre au sérieux et garde sa philosophie où l’esprit de rigolade est omniprésent.

Grégory Fastré en action lors de la première journée d'essais à Suzuka. (Photo FIM EWC)

Grégory Fastré en action lors de la première journée d’essais à Suzuka. (Photo FIM EWC)

L’équipe Motors Events n’a pas l’intention de changer ses habitudes. Alors qu’ils mènent le championnat du monde d’endurance, les hommes de Marc Mothré restent les mêmes. En début de semaine, avant que la joyeuse troupe ne se rende au circuit de Suzuka, il n’était d’ailleurs pas rare de voir Gregg Black tenter d’embrasser Grégory Fastré au restaurant. « C’est du grand n’importe quoi, se marre le patron, Marc Mothré. Nous ne nous prenons pas au sérieux. On se croirait à la sortie de l’école. L’ambiance au sein de l’équipe est extraordinaire. Les pilotes blaguent entre eux. Les mécaniciens ne sont pas non plus les derniers pour sortir des vannes. Même si demain nous sommes champions, il ne faut pas se prendre au sérieux car en rigolant ou en se faisant la gueule, le résultat sera le même donc autant se fendre la poire. C’est très potache. Nous sommes déjà les champions du monde de la convivialité ! »

« Nous avons réalisé deux courses parfaites » – Mothré

Si l’ambiance est au beau fixe, les résultats le sont également. Deuxième des 24 Heures du Mans en avril dernier puis cinquième des 12 Heures de Portimao, la Suzuki n°50 pointe en tête du championnat avec six points d’avance sur la Kawasaki SRC. « Je suis du même avis que Hervé Moineau. Pour l’instant, nous avons réalisé deux courses parfaites, avoue Mothré. Les pilotes ont été irréprochables, la moto a très bien fonctionné. Lors des 24 Heures, nous ne pouvions vraiment pas faire mieux. À Portimao, nous avons eu un petit problème avec le réservoir mais nous avons démontré pendant toute la course que nous étions là. Au final, je pense que sans ce problème, il était possible d’accrocher la troisième place mais nous limitons bien les dégâts en nous classant finalement au cinquième rang. C’est vrai que nous vivons une saison formidable mais je pense que nous n’avons rien à envier aux autres équipes. Les pilotes sont rapides, fiables, comme la moto. Les pneus sont de bonne qualité. Dans les stands, nous arrivons à être très, très près des teams officiels alors que nous avons du matériel moins sophistiqué. Que demande le peuple ? Après, il y a aussi le paramètre chance à prendre en compte. Les gens qui travaillent avec moi, ça fait aussi un paquet d’années que nous nous connaissons. Les automatismes se sont mis en place avec une structure assez jeune, puisque notre moyenne d’âge tourne autour de trente ans. »

À Suzuka, le but, pour Motors Events, est de terminer devant ses adversaires pour le championnat du monde. (Photo Dunlop)

À Suzuka, le but, pour Motors Events, est de terminer devant ses adversaires pour le championnat du monde. (Photo Dunlop)

Une équipe privée en tête du championnat ? Une première depuis 1980 !

Avec sa grande chevelure grisonnante, Marc Mothré n’aime pas évoquer les chiffres. Pourtant, ce qu’est en train d’accomplir son équipe est quelque chose que nous n’avions plus vu depuis des années. Pour retrouver la trace d’une formation privée en tête du championnat du monde d’endurance, il faut en effet remonter trente six ans en arrière. « Les statistiques, c’est vrai que je m’en fiche un peu, balaie d’un revers de la main le patron du team Motors Events. Nous sommes des privés, peut-être avec un peu plus d’argent que pour d’autres équipes, mais nous ne sommes pas une équipe d’usine. Quand nous avons des conditions particulières, comme cette année aux 24 Heures du Mans, n’importe quelle équipe privée peut faire le même chemin que nous. Ce n’est pas parce que nous nous appelons Motors Events que nous sommes plus forts que les autres. Avec la passion, nous pouvons atteindre les sommets. La passion, c’est le meilleur des moteurs… »

Hervé Moineau, l’analyste

Dans ses rangs, Motors Events peut compter sur un ancien pilote de renom en endurance, Hervé Moineau. Toujours un crayon à la main à chercher la petite bête sur un calepin, l’ancien vainqueur des 8 Heures de Suzuka en 1983 avec Richard Hubin est capable de passer un vol entier entre Doha et Paris pour savoir où sa formation a perdu des dixièmes par rapport aux autres. « Hervé, c’est quelqu’un d’une grande valeur, abonde Marc Mothré. Dans le paddock, tout le monde le connaît et nos adversaires savent que c’est un piège pour eux. Il observe et analyse tout. Il fait notre course tout en faisant celle des autres. Hervé, pour nous, c’est quelqu’un qui nous tranquillise. C’est une référence. Nous avons fait de bons résultats sur beaucoup de courses et nous le devons en partie à cet homme qui a travaillé sans relâche sur la gestion de la course ou de la moto. Il va en bord de piste pour nous dire ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Il occupe déjà cette fonction depuis 20 ans. » Au niveau de l’équipe technique, Marc Mothré a réussi à mettre en place une jeune formation avec les dents qui rayent le parquet : « Nous avons notamment un très bon metteur au point sur les châssis qui s’occupe également de pilote de renoms. Depuis qu’il fait partie de l’équipe, nous avons pratiquement gagné sept dixièmes au tour. Chaque petit détail nous fait gagner quelques dixièmes. Avant, nous étions à une seconde et demie du SERT. Maintenant, nous sommes à moins d’une seconde. » Avec Gregg Black, Grégory Fastré et Alex Cudlin, Motors Events a également peut-être trouvé son équipage idéal ? « Il n’y a jamais d’idéal, répond Marc Mothré. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, nous disposons de pilotes très rapides. Gregg tire tout le monde vers le haut. Avant, Grégory était le pilote numéro un de l’équipe mais il s’est retrouvé deuxième pilote. Il a cependant énormément progressé, surtout que Black est un attaquant. Nous verrons s’il y aura du changement au niveau des pilotes la saison prochaine mais tout cela est encore un peu flou pour le moment, notamment au niveau des budgets ou c’est très compliqué. »

Gregg Black en action. (Photo Facebook Gregg Black)

Gregg Black en action. (Photo Facebook Gregg Black)

Suzuka, la course la plus difficile de la saison ?

Même si la saison n’est pas encore terminée, de nombreuses questions restent encore en attente de réponse pour cette nouvelle version du championnat du monde d’endurance qui se profile à l’horizon avec le Bol d’Or au Castellet, mi-septembre. « Il y a le Bol d’Or mais après ? s’interroge Marc Mothré. Le calendrier provisoire n’est même pas encore sorti… Pour la recherche des sponsors, ce n’est pas simple. Tu dois employer le conditionnel, tu ne sais pas quels pilotes tu vas avoir. Tout est bloqué. Tu ne peux rien faire. C’est le vrai problème. » En attendant, Motors Events se concentre sur les 8 Heures de Suzuka. « L’objectif, c’est de jouer entre la dixième et la quinzième place, table le patron. Nous savons que les formations comme le team officiel Yamaha, Suzuki Yoshimura ou encore Musashi Honda roulent en 2’06 donc nous allons les regarder passer. Il faut en revanche essayer de terminer devant des équipes contre qui nous luttons pour le championnat et nous savons aussi que s’ils terminent devant nous, ils ne marqueront pas des gros points. Nous allons faire un peu une course d’épicier mais c’est le contexte qui veut ça ».  Et chez Motors Events, le titre, on y pense ? « Pour le championnat, nous nous sommes un peu pris au jeu, confie Mothré. Après, il ne faut pas se mentir, ça va être très difficile, surtout par rapport aux équipes contre lesquelles nous nous battons. Si nous sommes champions du monde en fin d’année ? Nous entrerons dans l’histoire ! Il faut bien l’écrire un jour, de toute façon. Avant, tout le monde disait qu’une Superstock ne pouvait pas monter sur le podium au général. Alors pourquoi un privé ne pourrait-il pas être champion du monde ? »

 

Valentin Roussel



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