8 Heures de Suzuka : Yamaha passe la seconde

Après son succès de la saison dernière, Yamaha a de nouveau remporté les 8 heures de Suzuka cette année, affichant une domination exemplaire. Au championnat, Motors Events est toujours en tête avant la dernière épreuve à Oschersleben. Le rêve continue…

Nakasuga a pris son temps lors de son premier relai avant de s'envoler par la suite.

Nakasuga a pris son temps lors de son premier relai avant de s’envoler par la suite.

Yamaha n’a pas failli. Après son succès probant acquis la saison dernière, la firme d’Iwata savait qu’elle devrait assumer son costume de favori cette année. Si Katsuyuki Nakasuga avouait ressentir un peu de pression au moment d’arriver à Suzuka, le Japonais et ses compagnons, Pol Espargaro et Alex Lowes, sont parvenus à rester concentrés pour s’emparer d’une deuxième victoire d’affilée qui ne souffre d’aucune contestation. Pour retrouver la trace de deux victoires d’affilées de Yamaha aux 8 Heures de Suzuka, il faut remonter en 1987 et 1988 quand Kevin Magee s’imposa avec Martin Wimmer puis avec Wayne Rainey la saison suivante. « Ce doublé est tout simplement formidable » s’empresse de raconter Eric de Seynes, l’une des têtes pensantes de la firme aux trois diapasons.

Tout au long de ces huit heures de course, l’équipage de la Yamaha officielle a semblé être sûr de lui-même, comme si rien ne pouvait lui arriver. Quatrième à l’issue du premier tour, Nakasuga a pris son temps pour remonter en dépassant successivement la Suzuki Yoshimura puis la Honda FCC quelques boucles plus tard. Derrière la Suzuki du team Kagayama, le nippon n’a pas voulu prendre de risques inutiles et décidera de finalement passer à la fin de ce relais, un peu plus de quarante minutes après le départ, pour prendre la tête de la course. C’est à ce moment que la R1 s’est envolée, laissant l’ensemble de ses adversaires sur le carreau. Dernière menace à la domination des bleus, la Honda MuSASHi a même décidé de rendre l’âme après pratiquement trois heures de course alors que Nicky Hayden était à son guidon. « Nous disposons d’une avance considérable, observe Pol Espargaro au moment de se son dernier relai. Il faut désormais ne pas prendre de risques inutiles et continuer d’enchaîner les tours comme nous le faisons depuis le début de la course. La moto fonctionne bien mais il faut tout de même essayer de préserver la mécanique. » La délivrance interviendra deux heures plus tard quand Alex Lowes passe la ligne d’arrivée en grand vainqueur. « C’est absolument fantastique, s’extasie le Britannique. Lors des trente dernières minutes, j’ai vraiment assuré, je n’ai pris aucun risque inutile. Mes coéquipiers ont réalisé un boulot formidable, j’avais juste à le terminer. Il fallait être intelligent. Je suis très content. J’espère que je vais pouvoir revenir la saison prochaine. Je vais pouvoir aller dormir avec une énorme satisfaction personnelle. C’est fabuleux. » Alors que Honda a bu la tasse sur son circuit, avec le problème technique de la MuSASHi et la chute de la FCC, Yamaha s’affirme désormais comme la machine à battre à Suzuka. Nul doute que la firme de Tokyo a bien l’intention de retourner la tendance en sa faveur. Dès la saison prochaine ?

La Kawasaki du team Green a livré une formidable lutte avec la Suzuki Yoshimura.

La Kawasaki du team Green a livré une formidable lutte avec la Suzuki Yoshimura.

Bagarre pour la deuxième place entre la Kawasaki du team Green et la Suzuki Yoshimura

Si le suspense pour la victoire a été rapidement réduit à néant avec la domination de la Yamaha, la bagarre pour la deuxième place a, elle, été grandiose. Peu après la mi-course, Leon Haslam, sur la Kawasaki du team Green, et Noriyuki Haga, sur la Suzuki Yoshimura, se sont livrés une lutte formidable, se dépassant à plusieurs reprises.

Le Britannique prendra finalement l’avantage sur le Japonais. « C’était très sympa, se marre Leon au moment de se rasseoir dans son stand. À la fin du relais, je suis cependant parvenu à creuser un petit écart. C’est très difficile mais nous ne lâchons rien. Le but, désormais, c’est de garder la Yoshimura à distance. » Objectif atteint puisque Haslam a franchi la ligne d’arrivée avec quelques secondes d’avance sur la Suzuki, même si celle-ci a tout tenté dans son dernier relai. Le coéquipier du Britannique, Akira Yanagawa, ne peut cependant pas s’empêcher d’être déçu. « C’est sûr que cette deuxième place est agréable, avance le pilote âgé de 45 ans, mais seule la victoire est belle. Honnêtement, je suis un peu déçu même si Leon a fait du super boulot. Nous reviendrons la saison prochaine pour tenter de nouveau notre chance. » Du côté de chez Suzuki, le son de cloche est pratiquement le même. « Nous ne sommes pas contents, avoue Fujio Yoshimura, le patron, derrière ses lunettes rondes. La meilleure place, c’est la première. Nous allons continuer à travailler pour revenir encore plus fort l’année prochaine. »

Avant la dernière épreuve du championnat, à Oschersleben, Motors Events est toujours en tête du championnat avec huit points d'avance alors qu'il est en reste trente-huit à distribuer. Ca promet !

Avant la dernière épreuve du championnat, à Oschersleben, Motors Events est toujours en tête du championnat avec huit points d’avance alors qu’il en reste trente-huit à distribuer. Ça promet !

Motors Events, comme dans un rêve

Quelques minutes après l’arrivée, l’équipe Yamaha exultait. Quelques mètres plus loin, dans la pit-lane, l’ambiance était du même acabit du côté du team Motors Events. Déjà en tête du championnat en arrivant au Japon, la structure de Marc Mothré abordera la dernière course de la saison, à Oschersleben, dans la meilleure des positions. La belle histoire continue donc. La course n’a cependant pas été de tout repos pour la Suzuki n°50. Gregg Black a tout d’abord été pénalisé pour avoir anticipé le départ avant qu’un repose-pied ne fasse des siennes en fin de course. « Il s’est un peu desserré, explique le team-manager, Hervé Moineau. Nous n’avons cependant pas perdu beaucoup de temps. Nous terminons finalement à la dix-neuvième place et prenons quelques points qui pourraient s’avérer être précieux en Allemagne. »

Pendant une bonne partie de la course, la formation de Marc Mothré avait abandonné son fauteuil de leader, notamment au profit de la Kawasaki SRC. En lutte pour le top dix, la ZX-10R s’est brusquement arrêtée en piste peu après la sixième heure de course alors que Grégory Leblanc était à son guidon. Diagnostic : axe de roue arrière cassé. « Nous sommes tous, très, très déçus » peste Gilles Stafler…

Vainqueur de la dernière course à Portimao, le GMT 94 n’a pas non plus été épargné par la malchance. Dès les premières minutes de la course, David Checa rentrait, furieux, à son stand à la poussette en prenant la pit-lane en sens inverse. « Nous avons cassé la roue, raconte, fataliste, Christophe Guyot. Pour le moment, nous n’avons aucune explication, sachant que nous utilisons des jantes de 16,5 pouces à Suzuka. Il n’y a eu aucun problème et là, cela nous tombe dessus pendant la course… » Si la formation francilienne est remontée durant plusieurs heures, un nouveau souci a fait son apparition avec un problème au niveau de l’éclairage de la Yamaha. « Nous n’avions jamais rencontré ce problème, confie Guyot. Nous devons l’accepter. C’est la course. » Le GMT est tout de même parvenu à remonter jusqu’à la quatorzième place pour sauver quelques points pour le championnat.

La Suzuki du SERT n’a pas eu cette chance. Finalement vingt-troisième au terme des 8 Heures de course, les hommes de Dominique Méliand n’ont pas connu la course qu’ils espéraient. Pénalisé pour un départ anticipé, Vincent Philippe s’est retrouvé dans le bac à gravier quelques minutes plus tard. « Un attardé a fait une grosse vague devant moi et je suis sorti, explique-t-il. C’était une petite chute mais la moto était bien endommagée. Notre course est terminée. C’est embêtant. »

Autre équipe victime des affres de la chute, la Honda FCC. La formation Japonaise, qui dispute cette année pour la première fois le championnat du monde d’endurance dans son intégralité, est partie à la faute en début de course avec Dominique Aegerter. L’équipe de Fuji-San reste cependant toujours à la lutte pour le titre de champion du monde.

Au final, pour le championnat du monde, c’est la Yamaha du YART qui a réalisé la meilleure opération en prenant une incroyable quatrième place. Avant la dernière manche du championnat, fin août à Oschersleben, toutes ces équipes, auxquels nous pouvons rajouter le Honda Racing, treizième à Suzuka, sont encore en liste pour la couronne. Comme le dit Fuji-San, le boss de FCC : « La dernière épreuve risque d’être intéressante. Nous y pensons déjà. L’écart risque d’être infime. » Nous en salivons déjà…

Valentin Roussel



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