Valentin Debise : « je suis monté sur onze podiums depuis le début de la saison » [Partie 2]

Ancien pensionnaire des Grands Prix, Valentin Debise a décidé de traverser l’Atlantique pour tenter sa chance aux Etats-Unis après plusieurs années en championnat de France Supersport. Rencontre.

[lire_la_suite]Première partie de la rencontre avec Valentin Debise[/lire_la_suite]

Parlons un peu des résultats. Des podiums, une victoire, cela ne se passe plutôt pas mal pour une première saison !

V.D : « En effet, je suis monté sur onze podiums depuis le début de la saison, dont une victoire. Il y a des personnes, avant de partir, qui m’ont demandé quels étaient mes objectifs. Je ne savais pas trop quoi leur répondre car je ne connaissais pas le niveau. J’avais quand même pu voir comment mes adversaires pilotaient car les courses étaient diffusées la saison dernière mais les circuits sont quand même très différents de ce que nous avons chez nous. Les pneus sont également différents. C’est donc difficile de juger quand tu vois seulement des vidéos. Cela te donne juste une idée donc je suis parti là-bas sans à priori.

J’ai eu la chance que mon équipe soit sponsorisée par une école de pilotage donc j’ai pu avoir un coach à ma disposition et nous avons pu faire des journées d’apprentissage sur les circuits puisque Suzuki nous avait fourni des motos d’origine. J’ai pu faire pas mal de journée donc cela m’a permis de bien progresser. Quand tu as quelqu’un qui te critique sur ton pilotage, c’est toujours productif. J’ai l’impression d’avoir progressé par rapport à la saison dernière. Mon objectif, c’était surtout ça. Je voulais me concentrer sur mon pilotage et optimiser ce que je savais déjà faire pour être au top de mes performances. Et, après, si tu fais les choses bien, normalement, tu arrives à être devant. C’est ce qu’il s’est passé. »

Tu as évolué dans de nombreux championnats, dont en Grand Prix Moto2. Quel est ton avis sur le niveau de ce championnat Moto America ?

V.D : « Les deux premiers, c’est le niveau de PJ Jacobsen, qui roule en Mondial sur la Honda du team Ten Kate. Ils roulent aussi bien, voire mieux. Je ne prends donc pas beaucoup de risque en disant qu’ils feraient des podiums en championnat du monde Supersport. »

Vu que tu te bats avec eux. Toi aussi tu peux faire des podiums en mondial Supersport si on te donne la bonne machine ?

V.D : « J’y ai toujours cru ! »

Valentin Debise : « je suis monté sur onze podiums depuis le début de la saison » [Partie 2]

Valentin Debise : « je suis monté sur onze podiums depuis le début de la saison » [Partie 2] (Photo Facebook)

Est-ce que, en partant aux Etats-Unis, tu veux prouver aux autres que toi aussi tu peux faire des belles performances au niveau mondial si on te confie une bonne moto ?

V.D : « Non. Je ne fais pas de la moto pour prouver quelques choses aux autres. Cela ne m’intéresse pas. Je veux plus me prouver à moi-même que j’en suis capable. Après, ce qui est marrant, c’est qu’en m’éloignant, je pensais que personne n’allait trop s’intéresser à moi mais, en fait, j’ai déjà des propositions pour rouler en Europe, notamment le Moto2 en Espagne sur des bonnes motos. Avant, les propositions que j’avais, c’était des équipes du milieu de tableau donc les gens ont l’air de regarder et ils sont aussi conscients du niveau de ce championnat. »

Est-ce que tu as été surpris d’être aussi rapidement devant ?

V.D : « Lors de la première course, j’ai un peu galéré. Je termine tout de même troisième mais j’étais quand même loin des deux premiers. Dès la deuxième course, j’ai terminé vraiment pas loin du vainqueur et après, plus ça allait, plus j’étais proche de gagner. Une fois, j’ai même terminé à seulement un millième de la victoire. La course suivante, par contre, c’est moi qui suis monté sur la première marche du podium ! Je croyais en mes chances mais je ne pensais pas que cela allait aller aussi vite ! »

Plutôt satisfait de ta saison pour l’instant, donc…

V.D : « Oui, j’ai rempli tous mes objectifs personnels que je m’étais fixés. Pour moi, c’est la plus grande satisfaction. »

Quand tu as débarqué aux Etats-Unis, quelle a été la plus grosse difficulté à laquelle tu as dû faire face ?

V.D : « J’ai mes sponsors qui étaient à mes côtés pendant un mois mais, après, j’étais tout seul. J’avais le minimum d’argent pour pouvoir vivre, j’étais seul et je ne parlais pas très bien l’anglais… Je devais me débrouiller, même pour les choses les plus banales. Quand tu es dans ton appartement et que tu n’as rien à part ton lit, une table et une chaise, tu es livré à toi-même. C’était surtout ça le plus dur. »

Justement, comment se passe ta vie de tous les jours aux USA ?

V.D : « Je ne travaille pas à côté de la course. Dès que nous avons commencé la saison, tout s’est enchaîné. Nous avions toujours des essais et des courses donc à part s’entraîner, se reposer… Et puis les déplacements, là-bas, ils sont beaucoup plus longs qu’en Europe. Il y a aussi les décalages horaires. Au final, c’est beaucoup plus fatiguant qu’en Europe. Je me concentre donc uniquement sur la moto. »

Comment sont les circuits aux Etats-Unis ? C’est différent par rapport à ce que tu as connu en Europe ?

V.D : « J’ai eu du mal au début, surtout pour m’adapter aux chicanes. Elles sont très différentes. Souvent, il faut savoir accélérer et freiner dans les chicanes tout en changeant d’angle. Chez nous, nous les passons souvent avec un rythme régulier. Cela n’a pas été évident. Il a aussi fallu que je m’adapte au goudron. Sur certains circuits, ils remettent du bitume pour boucher les trous et il est un peu plus souple que le reste du circuit. Parfois un virage dispose de ces deux types de goudrons donc quand tu rentres là-dedans et qu’il pleut, il faut faire extrêmement attention ! Il y a des trucs bizarres comme ça. Il faut juste s’y habituer. »

Les circuits sont assez bosselés, non ?

V.D : « Cela dépend. Par exemple, au New-Jersey, en disant que c’est une catastrophe, je ne suis pas loin de la vérité. Il y a des trous. C’est un truc de taré mais j’ai l’impression qu’ils aiment cela. Ce n’est pas pour les déranger, en tout cas. Après, il y a des circuits qui sont beaux avec des grandes lignes droites où nous pouvons jouer avec les aspirations, avec des grandes courbes où il faut vraiment sortir vite des virages… Au final, j’ai tellement vu de virages différents dans ma vie, surtout là-bas, que je pense que quand je reviendrai en Europe, je serai encore plus rapide qu’avant. Plus tu sais faire de choses, mieux tu sais faire ce que tu savais faire à la base. »

[lire_la_suite]3e et dernière partie du portrait de Valentin Debise[/lire_la_suite]

En bonus ci-dessous : Une interview en anglais de Valentin Debise, surnommé « the flying Frenchman » aux USA

Propos recueillis par Valentin Roussel



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