Julien Toniutti Triumph au Rallye de l’Ain

Julien Toniutti est un pilote de rallye un peu à part. Il est non seulement du genre très rapide, mais il aime aussi se lancer des petits défis. Cette année, il prend ainsi le départ de chaque épreuve du championnat de France des rallyes routiers au guidon d’une moto différente. Les 17 et 18 juin derniers, c’est au guidon de la nouvelle Triumph Street 800 RS qu’il s’est imposé au rallye de l’Ain. L’occasion de lui poser quelques questions sur cette victoire, sur sa saison de rallye et sur sa récente participation au Tourist Trophy.

Julien Toniutti

Julien Toniuetti en pleine concentration lors du Tourist Trophy 2017. Et il en faut un paquet de concentration… (photo Barry Murphy)

Le goût du défi

Moto Journal : Julien, qu’est ce qui t’as poussé cette saison à t’engager sur chaque Rallye avec une moto différente ? Ca n’est pas assez compliqué avec une seule moto bien réglée ?

Julien Toniutti : Bien sûr, c’est plus simple de faire une saison complète avec une seule moto bien réglée. Mais le défi est amusant, et en 2013, j’avais remporté le titre avec une KTM différente à chaque Rallye. KTM me soutenait alors officiellement, et démontrer que leur slogan « Ready to Race » n’était pas usurpé était un clin d’oeil sympa. Mais pour être franc, cette année est différente car je ne suis soutenu par aucune marque pour le championnat de France des Rallyes routiers.

MJ: Qu’est ce qui t’a motivé alors pour faire le Rallye des Garrigues ?

JT : Je n’avais donc aucune ambition de jouer le titre. Mais avant le Rallye des Garrigues (le premier de la saison), Michelin m’a demandé de tester des Power RS. Faire le Rallye des Garrigues avec était une bonne occasion. Il ne me restait plus qu’à trouver une moto. Sans trop de conviction, j’ai alors passé une annonce sur ma page Facebook. Et surprise, j’ai eu beaucoup de réponses de personnes prêtes à me confier une moto pour courir le Rallye. J’y ai donc participé avec une KTM 990 Super Duke de 2007. Et pour une moto vieille de 10 ans, c’était loin d’être ridicule. J’ai réussi à marquer des points dans la journée, mais la nuit, j’ai eu un petit pépin.

MJ : Quel genre de pépin ?

JT : En arrivant fort sur une compression, la selle a sectionné le faisceau. Je me suis retrouvé sans lumière, lancé pleine balle dans une portion bien sinueuse bordée d’un ravin. J’ai réussi à m’arrêter par miracle, mais ça fait tout drôle. Essaye de t’arrêter sur une route de montagne les yeux bandés pour voir !

Priorité au Tourist Trophy

MJ : Très mauvais conseil ! Après cette mésaventure, tu as fait de beaux résultats aux Rallyes de la Sarthe et du Beaujolais, avec respectivement une 2ème et une 3ème place. Mais ces deux fois tu avais la même moto, une Yamaha MT-10.

JT : C’est vrai, mais c’était deux motos de provenances différentes qu’il a fallu préparer à chaque fois. Encore une fois cette année, je réussi à obtenir chaque machine au coup par coup, et heureusement que des personnes comme Thibault Legentil ou la concession Spring Bike 69 me font confiance. C’est grâce à eux que j’ai pu obtenir les deux MT-10.

MJ : Tu as fait l’impasse sur les Rallyes de Corse et des Ardennes. Pourquoi ?

JT : Comme je n’avais pas de soutient officiel pour le Championnat de France de Rallye routiers, jouer le titre n’était vraiment pas ma priorité cette année. Mon véritable objectif, c’était de bien me préparer au Tourist Trophy où je participe pour la deuxième année consécutive. Et je n’avais pas assez de temps pour préparer et courir tous les Rallyes du calendrier.

Julien Toniutti Triumph Street Triple 800 RS

Grosse attaque pour Julien Toniutti qui roule avec la nouvelle Street RS pour la première fois lors du Rallye de l’Ain (photo Laurent Berthe).

Tourist Trophy et Rallye dans la même semaine

MJ : Puisque tu parles du Tourist Trophy, comment as-tu vécu cette semaine de courses sur l’île de Man du 5 au 9 juin ?

JT : C’est ma deuxième année la bas. Et j’ai couru pour la première fois sur l’île de Man en 2014 au Manx GP (Course similaire au TT, c’est la porte d’entrée pour les débutants qui souhaitent s’inscrire au TT). Cette année, ça a été un peu compliqué à cause de la météo qui ne nous a pas permis de rouler beaucoup. D’autant plus qu’on était partis dans la mauvaise direction au niveau des réglages de la R1. Finalement, un peu avant avant le Senior TT (la course reine qui clôture l’évènement), on a trouvé de bons réglages et j’ai retrouvé de bonnes sensations au guidon. Pendant le Senior TT, j’ai pu boucler un tour (un grand tour de 60 km !) en 18 minutes et 33 secondes, soit 4 secondes de mieux que mon record de l’an passé. Donc au final c’est plutôt positif.

MJ : Visiblement, le TT t’a mis en grande forme puisque le weekend d’après, tu gagne le Rallye de l’Ain (les 17 et 18 juin derniers)  sur une Triumph Street Triple 800 RS !

JT : Oui c’est vrai. Je n’avais pas beaucoup d’ambition pour ce Rallye puisque je rentrais à peine du TT et que je n’avais quasiment pas roulé avec la Triumph. C’est Thierry Boyer de la concession Central Team / British Avenue qui m’a prêté la moto. Il l’a parfaitement préparé et j’avais l’esprit libre pour piloter. Mais pourtant au début du Rallye, j’avais vraiment l’impression que la moto ne marchait pas, qu’elle se traînait. C’est l’effet que ça fait quand on rentre du TT et qu’on a roulé pendant une semaine à près de 200 km/h de moyenne ! En réalité, la Triumph marche, et même très bien. J’ai pris confiance au fur et à mesure du Rallye et j’ai remporté 8 spéciales sur 12. J’avais convaincu Thierry Boyer qu’un top 5 serait déjà très bien, on n’en revenait pas de remporter l’épreuve !

Objectif Moto Tour

MJ : Prochaine étape, le Rallye du Dourdou les 21 et 22 juillet. Tu vas y participer ? Et toujours avec une moto différente ?

JT  : Oui je vais faire ce Rallye, probablement avec une Aprilia Tuono. Encore une moto que je ne connais pas et qu’il me tarde d’essayer !

MJ : Et après ça quels sont tes objectifs ?

JT : Pour cette année, j’aimerais avoir un soutien officiel et une moto pour participer au Moto Tour. Et pour l’an prochain, je vais me concentrer à nouveau sur le TT. J’aimerais être le meilleur Français là-bas. Et passer sous la barre des 18 minutes au tour serait top. Mais c’est une course dangereuse qui impose de prendre son temps et de rester humble. C’est ce que je fais, et je sais que même comme ça il y a toujours du risque. Les tristes disparitions chaque année au TT sont là pour nous le rappeler.

Julien Toniutti Tourist Trophy 2017

Sur le tracé mythique de l’île de Man au guidon de la Yamaha R1, Julien Toniutti est parvenu à battre son record personnel de 4 secondes pour atteindre les 18 minutes et 33 secondes. Soit 196 km/h de moyenne ! (photo Mann Motorsport)

 



Ailleurs sur le web
1 commentaires sur cet article
  1. 440 000 kms en xjr

    bravo julien !!!
    un supporter de l’ombre … 😉

    Répondre
Écrire un commentaire