Interview Robbi Maddison : « Quand j'étais gamin, j'ai toujours voulu voler »

Pour son numéro spécial vacances, Moto Journal est parti à la rencontre de Robbie Maddison. Une interview qui pourra vous laisser sans voix. A découvrir au complet dans MJ en kiosques. Interview.

Quel age avais-tu quand tu as commencé à faire de la moto ?

« A 4 ans. J’étais tout petit ! »

Quels étaient tes modèles ?

« J’en avais plein. Mais celui qui m’a le plus inspiré était Robbie Knievel  Quand je l’ai vu sauter au dessus des fontaines du Caesar’s palace, ça m’est resté punaisé au cerveau. Comme je courrais en Motocross, j’étais aussi un grand fan de Rick Johnson. Damon Bradshaw était mon héros. Je le dessinais sur des feuilles de papier, et aujourd’hui, on est amis ! »

Qu’est ce qui t’a attiré vers les sauts géants ?

« Quand j’étais gamin, j’ai toujours voulu voler. Petit, quand je faisais du cross, sur chaque circuit, j’étais toujours le premier à tenter les grands sauts. Quand j’ai vu les Crusty Demons et le Freestyle Motocross arriver, j’ai adoré que la discipline ne soit constituée que de sauts et de figures. Instantanément, j’étais accroc. »

Est-ce que tu peux décrire ce que tu ressens quand tu es en l’air à moto ?

« C’est la liberté. C’est carrément effrayant, mais c’est la liberté. Un moment de grande tension, où le temps ralentit, et chacun de tes mouvements revêt une importance critique. L’angle de ton buste peut à lui seul influer sur la trajectoire de ton saut. »

Interview Robbi Maddison : « Quand j'étais gamin, j'ai toujours voulu voler »

Interview Robbi Maddison : « Quand j’étais gamin, j’ai toujours voulu voler » (Photo DR)

Tu respires en l’air ?

« Je ne sais pas, peut-être pas. En fait, je suis assez sûr que je respire, mais je ne me concentre pas vraiment là dessus. Il y a beaucoup de tension. Ca ne dure que quatre ou cinq secondes, durant lesquelles tu parcours 300 à 400 pieds ( 91 à 122 mètres, ndr). C’est une sensation géniale, j’aime le moment où tu calcules tout, celui de la prise d’élan et de la réception. C’est vraiment marrant. »

Sur les grands sauts, quels est la vitesse d’approche, la vitesse en l’air, et celle à la réception ?

« Le plus grand saut que j’ai fait, qui mesure 392 pieds (121,92 m), aux essais d’un saut filmé en direct sur la chaine de télé ESPN le 31 décembre (2008)à San Diego. Le but était d’atteindre les 400 pieds, mais le vent contraire ne m’a pas permis d’atteindre une telle distance. Pour ces sauts, la vitesse d’approche est de 120 miles par heure (193 km/h!!!). En l’air, tu sens que l’air te freines, mais pas trop. Tu sens surtout que tes roues tournent moins vite, ce qui fait qu’elles perdent de l’inertie, ce qui rends la moto très instable. Sur un saut parfait, executé avec une technique impeccable, tu n’as pas besoin de toucher les freins ni l’embrayage. »

Comment contrôles-tu ta moto alors ? En faisant varier tes appuis sur l’air ?

« Si tu as besoin d’utiliser ton corps comme balancier, alors ce n’est plus un saut parfait, et tu as aussi besoin de prendre l’embrayage. Si ta position est parfaite, tu ne touches à rien. Ca ne m’est arrivé qu’une ou deux fois sur des sauts de plus de 350 pieds (106 m). En général, tu corriges toujours au moins une fois ta trajectoire, car quelque chose te perturbe. Normalement, je prends l’embrayage pour éviter que le moteur cale puis freine de l’arrière, ce qui fait plonger le nez de la moto grâce à l’effet gyroscopique. Puis je raccélère, ce qui la fait cabrer de nouveau. Pour que le saut soit sûr, assez tôt dans le vol, je prends le frein arrière, puis remet du gaz, et refait la même manip’ juste avant d’atterrir afin de poser la roue arrière en premier, ce qui amortit mieux le choc. A une vitesse donnée, plus tu fais de correction d’assiette, plus ton saut est court. Parce que tu modifies ta prise au vent, ce qui accroit la trainée (le fameux Cx, ou coefficient de trainée, qui sert à quantifier l’aérodynamisme des caisses, ndr). Si tu restes stables et sans mouvement, à la même vitesse, tu atterriras plus loin.»

Interview Robbi Maddison : « Quand j'étais gamin, j'ai toujours voulu voler »

Interview Robbi Maddison : « Quand j’étais gamin, j’ai toujours voulu voler » (Photo DR)

Quelle a été la plus grosse frayeur de ta carrière ?

« La plus grosse trouille, ça a été avant de sauter par dessus le canal de Corynthe. On a fait tout ce qu’on a pu pour sécuriser le saut, mais quelque soit l’endroit d’où je pouvais m’élancer, je n’avais pas la bonne vitesse pour replaquer à l’aise. Et lorsque que j’ai fini par sauter, il n’y avait que très peu de place après la réception pour freiner et stopper la moto. J’avais cette angoisse qu’à peine reposé, j’allais glisser et m’écraser contre le mur qui me faisait face. »

Combien d’os cassés durant ta carrière ?

« Autour de 40 je crois. Il y a longtemps, j’avais compté mes fractures, mais j’ai tendance à oublier. Je me rappelle de m’être cassé trois fois ce poignet, chaque clavicule deux fois, deux fois les poumons perforés, nuque, omoplate, côtes, orteils, mains,  cette jambe, fémur cassé en deux. »

Quel est le pire crash de toute ta carrière ?

« Une ou deux fois, j’ai perdu connaissance à la suite de chutes. Une en particulier, lors d’un mes premiers sauts de freestyle en Australie, j’ai glissé, suis tombé en tapant la tête, puis dans les vapes. Lors de cette chute, je me suis aussi cassé le poignet, la clavicule, des cotes, mon omoplate, et ai perforé mon poumon ! J’étais pas beau à voir ce jour là… »

 

Cindy Belpalme



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