Salon de la moto EICMA à Pékin

L’éveil de la Chine ?
Ce discours ne cesse de tourner en boucle en Europe comme aux Etats-Unis : « Ils vont nous bouffer tout crus ! ». Ces anthropophages, ce sont bien sur les Chinois, terrible menace nous dit-on. Les Italiens ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de faire le premier pas. Mr Ruggiero, directeur de l’énorme organisation EICMA qui gère le salon annuel de Milan, a pris contact voici un an avec Mr Bingnan Chen, secrétaire général de la chambre de commerce moto chinoise. En résulte ce premier salon EICMA de Pékin où nous avons été conviés.

Jincheng, l'une des principales marques de motos chinoises

Un petit tour rapide dans Pékin efface rapidement l’image d’Epinal scotchée dans notre cerveau. La circulation y est plutôt ordonnée, malgré les excès d’automobilistes un peu fougueux, les voies sont larges, tout comme les pistes cyclables. L’air y est bien plus respirable qu’à Paris et la sonorité ambiante beaucoup moins assourdissante. Les vélos pullulent, la plupart fonctionnent avec un petit moteur électrique. De nombreux scooters et triporteurs utilisent la même énergie, dont on se demande pourquoi elle pose autant de problèmes aux Européens (un scooter électrique vaut environ 500 euros à Pékin). Les Chinois semblent l’avoir maîtrisée depuis bien des années vu l’état de certains vélos… Mais aucune moto dans les rues pékinoises.

L’ouverture au public du salon EICMA nous permettra d’en détailler quelques unes, très rares. Miko Bordiga, responsable Ducati pour l’Asie et le Pacifique, éclaire notre lanterne : « Le gouvernement est profondément opposé à la pratique de la moto en Chine, très bien relayé en cela par les politiques locales. Au-delà de 250 cm3 et 400 cm3, avant même d’acheter sa moto, il faut, selon les provinces, débourser de 3 000 à 5 000 euros pour se payer le permis et une plaque d’immatriculation. Beaucoup pour un pays dont le salaire moyen mensuel varie d’une région à l’autre mais se situe autour des 150 euros ». Les grosses cylindrées subissent une taxation importante, que les nombreux constructeurs nationaux (plus de 300, dont 50 importants) veulent voir disparaître à court terme.

Sentant le vent tourner, c’est à ce moment que les Italiens interviennent. L’EICMA propose donc d’organiser un salon annuel à Pékin, dont la première édition se tient ce week-end. Une « exposition-cheval de Troie » puisqu’on ne compte que des marques italiennes dans les allées de cette petite exposition, hormis les bien sur très présentes firmes chinoises.
Et ceux-là même qui crient au naufrage par chez nous viennent de mettre le pied dans la porte pour tenter d’introduire dans l’Empire du Milieu leur production, dont la renommée les a déjà précédés. L’affaire n’est pas gagnée, mais les Italiens s’avèrent au moins aussi malins que les Chinois…



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