MotoGP : tracé et pneus, les clés du Red Bull Ring

Dimanche 14 août, c’est le retour du GP d’Autriche au Red Bull Ring de Spielberg, après 19 ans d’absence. La plupart des teams MotoGP ont testé la nouvelle configuration de piste le surlendemain du Sachsenring. Néanmoins, deux inconnues subsistent : la modification de tracé opérée cette semaine, et les pneus. Explications.

Le droite N°10 en cours de modification. Crédit DR

Le droite N°10 en cours de modification. Crédit DR

Nos plus vieux lecteurs se souviennent avec émotion des GP sur la piste « coupe-gorge » du Salzburgring, dont les grandes courbes négociées à 200 km/h étaient bordées de rail de sécurité sans dégagement. Ce tracé accueilli le GP d’Autriche de 1971 à 1994. Or c’est bien au Red Bull Ring que le dernier GP d’Autriche eu lieu en 1997. Et le seul pilote actuel à l’avoir connu est le vénérable Valentino Rossi, 37 ans, qui y avait d’ailleurs signé une seconde place en 125. Depuis, le tracé du Red Bull Ring, sur lequel se dispute également le GP de Formule 1, a été modifié pour s’adapter aux standards modernes de sécurité. Le nouveau tracé affiche un développé de 4326 m comportant dix virages en tout : sept droites et trois gauches. Mais la vitesse moyenne de la nouvelle piste à l’issue des derniers essais MotoGP réalisés les 19 et 20 juillet 2016 est selon nos confrères de Speedweek.com de 199,5 km/h au tour pour le poleman Andrea Iaonnone ! Soit presque 20 bornes de mieux que le tracé le plus rapide du calendrier actuel : Phillip Island, en Australie.

En plus d’être extrêmement vite, ce circuit, logé dans une vallée magnifique mais encaissée non loin de la ville de Graz, est exigu. Ce qui selon les pilotes, rends les zones de dégagements limite dans les courbes 1, 3, 8 et 10.

En coordination avec les instances de sécurité des GP, le responsable du tracé Andreas Meklau a donc décidé de rétrécir d’environ 2 mètres la largeur du dernier virage. Andy Meklau, l’ancien pilote de course autrichien 6è du championnat du monde SBK sur Ducati, explique « que cette modification va obliger les pilotes à casser davantage la trajectoire et mettre leur machine sur l’angle plus tôt dans le dernier droite d’arrivée. Ce qui va les éloigner du mur situé sur la gauche. On gagne jusqu’à 7 m de dégagement à cet endroit, tandis qu’autour de la piste, ce sont 700 m d’airfences qui seront déployés. »

Voilà qui va donc obliger les pilotes à reprendre leurs marques lors de la première séance d’essai, tandis que les équipes techniques devront elles sans doute revoir les démultes validées lors des essais. Mais la sécurité des pilotes vaut largement ce type de compromis.

Deuxième soucis à gérer pour les équipes : l’endurance des gommes. Selon Peter Mc Laren de Crash.net, qui a eu l’occasion d’interviewer les pilotes lors des essais libres des 19/20 à Spielberg : Danilo Petrucci « je ne suis pas sûr que nous disposerons des mêmes pneus pour la course. » Valentino Rossi : « je pense que nous allons avoir besoin de quelque chose de plus dur à l’arrière. Tout le monde a eu des soucis d’endurance, Ducati, mais nous aussi. » Même son de cloche pour Andrea Dovizioso : « le circuit n’est pas grand mais les contraintes infligées au pneu arrière sont énormes. La vitesse et l’échauffement qu’elle entraine font chauffer très fort le pneu arrière, qui a du mal à encaisser. » Jorge Lorenzo ajoute que « tant que la gomme est neuve, la Ducati peut profiter de son accélération et de sa stabilité au freinage. Mais je ne pense pas que les pneus dont nous disposions tiennent la distance du GP. Voyons ce que Michelin apportera pour la course. »

Michelin a entre temps confirmé qu’ils livreraient deux nouveaux pneus arrière pour le GP d’Autriche. Deux gommards médium et hard prenant en compte les enseignements tirés lors des essais de juillet. Des arrières asymétriques dotés d’une gomme plus tendre à gauche (trois virages seulement par tour).

Pour l’avant, la dotation reste la même, avec trois choix : tendre, medium et dur, comme sur les autres circuits.

A l’issue des chronos réalisés lors des essais, Ducati est clairement favori, avec quatre Desmosedici aux quatre premières places. Mais Honda Repsol comme Yamaha Tech3 manquaient à l’appel, et cette hiérarchie ne se base que sur un tour. Avec un tracé légèrement remanié, une grille complète et des pneus différents, qui sait si l’équilibre des forces ne sera pas modifiée ? Le pronostic MJ ? Attention à Marc Marquez, qui jusqu’ici n’a testé ici qu’avec la version route de sa machine de GP, la RC213V-S, et attaque cette seconde moitié de championnat en pleine confiance. Couillu à l’extrême sur les circuit rapide, client au freinage et motivé sur les terres de son sponsor Redbull, il aura à coeur de poursuivre sa démonstration en vue d’un troisième titre mondial MotoGP à seulement 23 ans.

Dovi, 2è chrono aux essais en Autriche et podium en Allemagne (photo), est confiant. Mais il sait que la course sera une autre histoire. Crédit Gold&Goose.

Dovi, 2è chrono aux essais en Autriche et podium en Allemagne (photo), est confiant. Mais il sait que la course sera une autre histoire. Crédit Gold&Goose.

Chronos des tests du Redbull Ring le 20 juillet au soir :

1. Iannone, Ducati, 1:23,240
2. Dovizioso, Ducati, 1:23,680
3. Stoner, Ducati, 1:23,865
4. Barberá, Ducati, 1:24,091
5. Rossi, Yamaha, 1:24,169
6. Lorenzo, Yamaha, 1:24,194
7. Viñales, Suzuki, 1:24,208
8. Aleix Espargaró, Suzuki, 1:24,335
9. Redding, Ducati, 1:24,375
10. Hernandez, Ducati, 1:24,396
11. Crutchlow, Honda, 1:24,455
12. Laverty, Ducati, 1:24,497
13. Miller, Honda,1:24,555
14. Petrucci, Ducati, 1:24,602
15. Rabat, Honda, 1:24,670
16. Pirro, Ducati, 1:25,139
17. Kallio, KTM, 1:25,191
18. Lüthi, KTM, 1:25,705.
19. Baz, Ducati, 1:26,453



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