Edito : Rien ne se perd

Lu dans Moto Journal n°1930 du 18 novembre 2010

N’était le marquage Triumph sur le blouson en cuir de l’essayeur, bien malin qui pourrait deviner que la GT que nous avons surprise en test préliminaire (et mise en couverture) n’est pas une BMW. Triumph reconnaît d’ailleurs s’être inspiré de la marque allemande pour développer ses nouvelles Tiger. Le constructeur anglais céderait-il à ses vieux démons, quand il produisait des modèles « copies-conformes » de certaines Honda ?

C’est oublier un peu vite que la marque d’Hinckley est elle-même copiée jusque dans la conception et la cylindrée de son trois cylindres 675 cm3 par une marque aussi inspirée que MV Agusta. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». La fameuse maxime du chimiste-philosophe Lavoisier s’applique évidemment à la moto, où leaders et suiveurs s’échangent les rôles selon qu’il s’agit de sportives, de trails ou de customs, avec quelques tentatives novatrices de temps à autre.

La nouvelle Suzuki GSR ressemble à une Hornet à s’y méprendre, Ducati vient de présenter une Vmax à la sauce bolognaise et BMW, dont la GS est très copiée, n’a pas hésité l’an passé à se rallier à la recette nippone pour motoriser sa sportive. Dans le registre sportif, Lorenzo et Simoncelli imitent Rossi à qui mieux mieux et de plus en plus de pilotes écartent la jambe à l’approche d’un virage à la manière d’un clebard qui urine sans qu’on sache exactement aujourd’hui encore pourquoi. Nous autres plumitifs n’échappons pas davantage à ce phénomène de mimétisme lorsque l’actualité l’exige (salons, nouveautés,…).

Ce qui n’empêche pas le vrai plagiat, comme celui que subit actuellement la marque de casques de luxe Ruby. Tout est question de mesure… et de culture. Notre correspondant en Chine Franck Péret nous confiait récemment que les fabricants de motos locaux ne voient pas l’intérêt de prévoir un département R&D… quand d’autres le font pour eux.