C’est beau un GP la nuit !

OK, à l?heure où la planète souffre durement, on aura un peu de mal à s?extasier devant les 3600 projecteurs ou encore la quarantaine de générateurs de 13 Mégawatt qu?il aura fallu mettre en branle pour éclairer ce premier GP de nuit. De quoi, soit disant, éclairer une route allant du Qatar à Moscou selon certains, ou plus de 70 terrains de foot selon d?autres.

Pourtant, quatre jours après, ce Grand Prix nous laisse une petite lueur de magie dans les yeux. Les carénages n?en étaient que plus brillants, la chute plus solitaire, la chasse au chrono plus dangereuse et intense durant les essais, la course plus dramatique.

Pour le blog MJ, Hervé Poncharal, manager du team Tech3 revient sur cette première mondiale en cinq chapitres :

  1. Une ambiance magique
  2. Des contraintes pour tout le monde
  3. Un GP de nuit avec bitume chauffant?
  4. Un deuxième GP de nuit à Abu Dhabi?
  5. Bientôt un GP indoor ?

1. UNE AMBIANCE MAGIQUE :

« Les vues d?hélicoptère étaient sublimes. Avant, on avait un ruban noir dans le désert qui ne ressemblait pas à grand-chose. Là, le site a pris une dimension exceptionnelle. »

« Un soir, je suis sorti du circuit à 3 heures du mat?, j?ai fait un kilomètre dans le désert où tout est d?un noir absolu. Je me suis arrêté, retourné pour observer cet halo de lumière. C?est une lumière irréelle, on a vraiment l?impression qu?une soucoupe volante vient de se poser. »

« Les pilotes roulaient avec des visières claires ou semi-fumées. C?était superbement filmé. On a vu des docs incroyables, des regards de pilotes perçants, étonnants. »

« Colin Edwards a eu une réflexion étonnante. Cette ambiance l?a replongé à l?époque où, vers 7 ou 8 ans, il faisait ses premières courses de cross sur des terrains vaguement éclairés. Ca l?a botté. « 

 » En fait, c?était excitant pour tout le monde. Même le plus blasé de tous les pilotes a trouvé ça génial, parce que voilà un an, tous pensaient tout simplement que c?était infaisable. D’autant que les premiers tests n’avaient pas été très concluants. C?est une sacrée prouesse technique. »

2. DES CONTRAINTES POUR TOUT LE MONDE

« Personne ne se plaint, c?est notre rôle de produire le plus beau spectacle possible. Mais c?est vrai que par exemple, du côté des pilotes, il a fallu caler leur horloge biologique. Ils sont arrivés la semaine d?avant, se levaient donc très tard, et à l?heure théorique de la course, ils allaient en salle de sport pour produire des efforts sur des vélos ou des rameurs. D?un autre côté, au Qatar, les conditions de roulage de jour sont limites. Quand nous sommes venus en octobre dernier, de nombreux pilotes étaient à la limite de l?évanouissement en raison de l’extrême chaleur. « 

« Pour l?équipe technique, quand la course s?est terminée et qu?à 1h30 du mat?, qu’il a fallu remballer tout le matériel jusqu?à 5h00 pour prendre l?avion à 9h00, c’est vrai que nous a fait tout drôle. »

3. VERS UN GP DE NUIT AVEC BITUME CHAUFFANT ?

« Avec le recul, tout le monde est entièrement satisfait. Il n?y en fait qu?un seul point que l?on pense améliorer: c?est la date à laquelle a lieu ce Grand Prix de nuit. Car nous ne sommes qu?au printemps, les amplitudes thermiques sont très fortes au Qatar et on passe de 32° la journée à 15° la nuit. C?est un peu juste pour rouler sans risque, même si c’est des températures qu’on trouve à Assen ou à Donington. Heureusement, le jour de la course, le bitume était à 17°, c?était acceptable. »

« Mais pour améliorer ça, nous aimerions bien que le Grand Prix du Qatar de nuit se déroule plus tard dans la saison. Cette histoire de vouloir chauffer le bitume est, je pense, une boutade. Les journalistes ont demandé à l?organisateur si c?était jouable. Et comme l?organisateur est capable de tout, il a dit « pourquoi pas » pour montrer qu?il n?y a pas de limite financière, ni technologique. »

4. UN DEUXIEME GP DE NUIT EN 2008 A ABU DHABI?

 » Il ne faut pas rêver. Quand on est le propriétaire du championnat comme la Dorna, on doit écouter tous les gens qui sont prêts à organiser des GP. C?est évident que dans cette région du Monde, ils se tirent tous la bourre. A Dubaï, ils ont eu la F1. Au Qatar, ils se sont dits, on va avoir le SBK et le MotoGP. Maintenant, Abu Dhabi veut son spectacle. Nous on se tire la bourre sur des motos, eux sur les plus beaux circuits. Et quand il y en a un qui a fait la première course de nuit, l?autre passe pour un idiot. Bon, on ne pourra pas faire la moitié du championnat de nuit. Mais on est obligé d?innover, dans tous les domaines pour rendre notre sport attractif et novateur. »

5. BIENTOT UN GP INDOOR ?

« Techniquement, rien n?est impossible. Quant on voit le boulot fait au niveau de l?éclairage au Qatar alors que personne n?y croyait. Tous les éléments semblaient contre ce GP de nuit. Notamment les problèmes d?ombre en entrée de virage : lors des premiers essais voilà un an, un pilote pouvait croire qu?il était en train de se faire faire l?inter alors qu?il ne s?agissait que de son ombre. Ensuite, ils se sont dit que s?il y avait trop d?éclairage pour éliminer les ombres, le risque était de se faire éblouir. Voilà, un an personne n?y croyait, voire tout le monde en rigolait mais ça s?est transformé en quelque chose de magique. Il n?y avait aucune différence avec une course de jour. Y compris pour les dépassements qui sont autrement plus chauds qu?en endurance. »

« Mais de là, à imaginer un GP indoor, je n?y crois pas. Aujourd?hui, les équipes de MotoGP n?ont plus aucun accès à tous un tas de paramètres techniques sur les motos. La recherche, le développement et les évolutions sont faits dans les services course des usines. La maintenance des moteurs est faite par un département spécifique. La seule chose qui reste aux équipes, c?est ce qu?on appelle l?exploitation. C?est la gestion d?un matériel qui est figé en technicité. »

« Notre job, c?est d?adapter ce matériel à la spécificité du circuit, au revêtement du circuit, à la météo sur place, aux goûts du pilote, etc? le but du jeu aujourd?hui, c?est de trouver la meilleur monte pneumatiques, la meilleure cartographie d’injection, le meilleur réglage suspensions, la meilleure gestion électronique globale. Quand il fait froid, on va trouver le bon pneu. L?an passé au Japon, quand Sylvain Guintoli est parti 16è et arrivé 4ème à une seconde du deuxième, c?est parce qu?une équipe peut prendre des risques et faire des paris que la course reste intéressante. »

« Ici, au Qatar, on a super bien travaillé avec les Michelin qui montaient vite en température et qui fonctionnaient mieux à basse température. Si tous les éléments extérieurs sont supprimés, on verra toujours les mêmes devant. Il faut donc de la diversité au niveau des marques, des équipementiers, de la pluie, du vent, du beau temps. Parfois, même avec une moto moins vite, on arrive à mettre au point un package intéressant. »



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3 commentaires sur cet article
  1. Slt
    HP, il dit :
    « Il faut donc de la diversité au niveau des marques, des équipementiers, de la pluie, du vent, du beau temps. Parfois, même avec une moto moins vite, on arrive à mettre au point un package intéressant ».
    Ben oui… Un championnat du monde, c’est pour affronter un maximun de contextes differents.
    La variété, la multitude, la difference… Y a pas d’autres solutions pour avancer…
    jm

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  2. multibike

    c’est beau un GP de nuit au Qatar, ca permet a ceux qui sont abonnes a Eurosport de le regarder en direct en France. Pour ceux qui n’ont pas Eurosport, il reste les series a 2 francs et un kleenex pour pleurer sur l’utilisation de leur redevance TV. grrrrrrrr

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  3. C’est incontestablement beau, un GP la nuit.
    Mais un jour, il va falloir rendre des comptes.
    Comment l’énergie électrique utilisée pour éclairer le circuit a -t-elle été produite ? En consommant du pétrole ?
    Si oui, qu’est-ce qui pourra justifier aux yeux de ceux qui peut-être un jour seront privés de ce pétrole, de l’avoir dépensé ainsi ?
    Déjà qu’on voit peu de progrès sur la consommation des machines liés à l’influence de la course…
    J’aimerais bien que mon sport préféré ne provoque pas, par son comportement, un phénomène de rejet massif de la part des non-passionnés.
    J’imagine que les pro-GP de nuit se sont posés ces questions et ont les bonnes réponses à fournir.
    Merci de me les communiquer pour faciliter mes conversations au bureau et ailleurs….

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